Colonies de vacances, la fin de l'âge d'or

Autrefois perçues comme un creuset de mixité, les colonies de vacances se spécialisent et visent des publics ciblés selon l’âge, le genre et le milieu social.

« Merci maman, merci papa ! », se sont exclamées des générations d’enfants en rentrant des jolies colonies de vacances. L’enthousiasme est nettement retombé depuis une vingtaine d’années, la fréquentation aussi et avec elle le brassage social. Comment expliquer cette désaffection ?

Un sondage de l’Ifop pour la Jeunesse en plein air montre pourtant que les Français ont globalement une bonne opinion des colonies de vacances, surtout ceux qui en ont fait l’expérience lorsqu’ils étaient jeunes (83 %) ou qui, en tant que parents, y ont envoyé leurs enfants (85 %). Atout majeur : elles laissent des souvenirs impérissables (90 %) et permettent à des jeunes de différents milieux sociaux de vivre ensemble au quotidien (85 %). Plus généralement, c’est le lien social qui est mis en avant (vie en collectivité, socialisation et épanouissement auprès des autres enfants, autonomie) plutôt que les activités proposées.

L’augmentation du coût

Malgré leurs vertus socialisatrices, les colos sont pourtant désertées : 4 millions d’enfants et de jeunes partaient dans les années 1960 ; en 2015, ils ne sont plus que 1,3 million (soit 7 % des 5 à 19 ans) et la courbe de désaffection est croissante. En cause selon les parents, le coût financier du séjour et le manque de confiance dans le personnel. Les réticences à laisser partir son enfant sont fortes quand on doute du personnel encadrant (57 % des parents interrogés). La médiatisation inévitable des rares accidents accroît cette méfiance.

Cela dit, le coût à la charge des familles a effectivement augmenté, notamment parce que les aides sociales se sont réduites. Le coût d’une semaine de colonie varie de 400 à 600 euros en moyenne, jusqu’à 1 500 euros pour les plus chères dans le privé. Depuis le début des années 2000, les politiques publiques d’aide aux familles ont toutes baissé : les caf d’abord, les communes et même les comités d’entreprise. Évidemment, ce sont les familles des classes moyennes qui sont particulièrement touchées : les enfants qui peuvent partir en colo sont issus des classes sociales modestes (ceux dont les parents bénéficient d’aides et payent peu), ou des classes favorisées (ceux dont les revenus de la famille permettent la prise en charge totale du coût).

, « Les accueils collectifs de mineurs avec hébergement en 2013 », , n° 15-02, mai 2015. , « Centres de loisirs, minicamps, colos : quand les parents et les adolescents font le choix du collectif », dossier d’étude n° 187, décembre 2016. , « Des séparations aux rencontres en camps et colos », rapport d’évaluation du dispositif #GénérationCampColo, avril 2016. , « Les jolies colonies de vacances, c’est fini ? », , juillet 2016. , « Les Français et les colonies de vacances », sondage pour la Jeunesse en plein air, Mai 2016.