« Adam et Ève, c’était avant ou après Homo erectus ? », « Ce n’est pas possible que les humains aient évolué depuis les bactéries, on est trop complexes, on a forcément été créés ». Confrontés à un nombre croissant de réflexions d’élèves véhiculant des croyances religieuses opposées à la théorie darwinienne de l’évolution, les enseignants sont de plus en plus nombreux à exprimer un besoin de formation complémentaire à la didactique de ces questions vives.
Pourtant, ces théories alternatives ne seraient peut-être pas l’obstacle le plus important à l’enseignement de l’évolution dans les classes, affirment des chercheurs allemands en sciences de l’éducation. En enquêtant auprès de 182 enseignants du secondaire en sciences et vie de la Terre, ils ont mis en évidence une difficulté significative à identifier chez les élèves la présence de conceptions intuitives erronées, reposant sur des biais cognitifs. Pour aboutir à ce résultat, les chercheurs ont soumis les enseignants à un panel de propos d’élèves contenant trois types d’erreurs de raisonnement, particulièrement répandues et propres à entraver l’assimilation des principes darwiniens : l’essentialiste, ou le fait par exemple d’expliquer l’évolution de la couleur d’un groupe de souris par une transformation uniforme de l’espèce plutôt que par la sélection de certaines caractéristiques individuelles avantageuses ; l’anthropomorphique, ou la tendance à attribuer une pensée ou des sentiments humains à des animaux ou des végétaux (« le tournesol aime se tourner vers le soleil ») ; et la pensée téléologique, qui postule à tort que tout phénomène naturel a une fin en soi (« les hominidés ont évolué pour devenir de plus en plus intelligents »).