Comment évoluent les sociétés

Avant l’histoire
L’évolution des sociétés, de Lascaux à Carnac
Alain Testart
, Gallimard, 2012, 550 p., 25 €.

Pourquoi des sociétés de la préhistoire sont-elles passées aux sociétés agricoles ? L’anthropologue Alain Testart s’attaque au grand problème 
de la révolution néolithique et lui apporte une réponse inédite.


Alain Testart est un anthropologue à part : il n’a pas renoncé à penser l’évolution des sociétés. Dans ce livre, il s’attaque à un sujet de grande ampleur : pourquoi certaines des sociétés de la préhistoire, peuplées de chasseurs-cueilleurs nomades, se sont-elles transformées en sociétés néolithiques, organisées autour de villages, pratiquant l’agriculture, et où commencent à s’accumuler richesses et pouvoirs aux mains de quelques-uns ? Pourquoi est-on passé l’art rupestre à l’édifice de grands monuments de pierres ? Bref, comment est-on passé de Lascaux à Carnac ?

L’ouvrage se divise en deux grandes parties. Les 200 premières pages tournent autour de cette question : peut-on penser l’évolution ? A. Testart y retrace d’abord l’histoire de la pensée évolutionniste jusqu’à son rejet par les anthropologues contemporains. Lui se démarque justement de sa communauté et prétend qu’il est possible de réhabiliter l’approche évolutionniste et penser « le sens de l’histoire ». Pour cela, il se démarque toutefois des modèles qui envisagent l’évolution selon un schéma linéaire en terme de stades allant des sociétés « simples » aux sociétés « complexes » sous l’emprise de facteurs clés : le climat, la démographie, la technique ou une « culture ».

En fait, la vision évolutionniste d’A. Testart repose sur de tout autres principes. Pour lui, si évolution il y a, elle n’est ni universelle (rien n’oblige les sociétés de chasseurs-cueilleurs à se développer) ni univoque. Il existe même des processus d’involution tels que celui des Indiens des plaines, en Amérique, revenus au mode de vie nomade après avoir été agri­culteurs.