Comment le nombre vient à l'enfant

Les mathématiques ne se limitent pas à la manipulation des nombres. Elles sont un véritable langage, qui s’apprend dès le plus jeune âge.

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Quatre-vingt-dix. En lisant ces trois mots-nombres, le cerveau francophone dessine immédiatement un 9 et un 0, y associe une quantité, entrouvre le tiroir de la centaine toute proche… Pourtant, à l’oral comme à l’écrit, « quatre-vingt-dix » n’a rien du « neuf » ni du « zéro ». Aussi arbitrairement que /b/ et /a/ font « ba », quatre, vingt et dix font « 90 ». Les mathématiques sont en elles-mêmes un langage, fait pour répondre à la question « combien ? », et dont l’apprentissage ne va pas de soi. Nos capacités numériques innées ne donnent pas accès au nombre. Elles permettent tout au plus de reconnaître la différence entre deux petites quantités, comme un oiseau s’aperçoit qu’il manque l’un de ses œufs dans le nid.

En général, notre premier contact avec la grammaire des nombres a lieu à l’oral. Nous associons peu à peu le mot deux aux mains, aux jambes, aux chaussures… Avant de savoir compter, les suites numériques du langage courant et des comptines pour enfants commencent à donner du sens aux mots « un, deux, trois ». Une première étape sur la longue route qui mène à la compréhension du nombre.

Construire le nombre pas à pas

Connaître un nombre, ce n’est pas simplement le nommer, c’est comprendre qu’il existe par itération, c’est-à-dire par ajout d’unité. Deux, c’est un et encore un. En ajoutant un aux nombres connus, l’enfant s’ouvre l’accès à la suite des nombres. Trois, c’est deux et encore un. Chaque nombre est construit à partir de ceux qui lui sont inférieurs. C’est ainsi qu’au 19e siècle, le philosophe et éducateur Ferdinand Buisson affirmait que « connaître un nombre, c’est le comparer avec d’autres, le suivre dans ses transformations, le saisir et le mesurer, le composer et le décomposer à volonté ».

Stella Baruk, Puf, 2016. Michel Fayol, 2e éd., Puf, coll. « Que sais-je ? », 2013. Rémi Brissiaud, Retz, 2013.