Pas facile de situer le centre, encore moins de définir son périmètre. Est-il un grand espace intermédiaire de la vie politique française, empiétant sur ses deux rives gauche et droite ? Ou plutôt un point central, ni à droite ni à gauche, ne pouvant exister qu’indépendamment des autres partis ?
Cette ambiguïté traverse le mouvement depuis son origine, qui remonte à la Révolution française. Lors de la première Constituante, la « Plaine » désigne les députés les plus modérés, assis en bas de l’Assemblée, par opposition aux Montagnards, révolutionnaires situés en haut à gauche. Parmi ces modérés figurent des personnalités comme l’abbé Sieyès ou Condorcet. Ils sont souvent raillés : on leur reproche leur immobilisme et leur indécision (on qualifie aussi la Plaine de « Marais »). Au 19e siècle, François Guizot tente de théoriser ce « juste milieu », en insistant sur l’articulation entre libéralisme économique, primat de la personne humaine et émancipation par l’éducation. Il échoue toutefois à l’imposer comme une force politique susceptible de contrer « l’alliance carlo-républicaine », c’est-à-dire la conjonction des extrêmes qui se réalise à chaque rendez-vous électoral.