Controverse autour des conséquences de l'esclavage

L'impact de la traite atlantique sur la démographie africaine donne lieu à des évaluations très contrastées et bien souvent paradoxales.

La question de la responsabilité historique de l'Europe face à son passé esclavagiste et colonial est de celles qui, dans les années à venir, ont des chances de figurer au programme des tribunes internationales. Certaines entités, comme l'Etat français et la Communauté européenne en 2001, ont d'ores et déjà reconnu le caractère de crime contre l'humanité de la traite atlantique. Une telle démarche débouche, à terme, sur la question des réparations. Mais si la récente campagne menée par le gouvernement haïtien pour la restitution des indemnités versées aux colons français expropriés lors de l'indépendance de ce pays (1804) a l'avantage d'être précise - 21 milliards de dollars -, tel n'est pas le cas pour l'évaluation des dégâts historiques causés par la traite des esclaves africains vers les Amériques, le Maghreb, le Moyen-Orient et les îles de l'océan Indien. Cette question, que nous présentions dans notre numéro 142 d'octobre dernier, comporte de nombreuses zones d'incertitudes historiques, ouvrant la porte aux conjectures les plus opposées. Même si une sorte de consensus sur le nombre d'esclaves déportés semble acquis (11 millions sur trois siècles pour la traite atlantique, 20 depuis le Moyen Age), les pertes globales causées au continent africain donnent lieu à des évaluations très disparates, et celles de leurs effets encore plus.