De nombreux discours écologistes soutiennent l’idée que tout impact de l’humanité sur l’environnement est, en soi, un problème. Construire des maisons, tracer des routes, bâtir des usines et, d’une manière générale, empiéter sur les milieux naturels seraient autant de pratiques forcément condamnables. Bien sûr, certains reconnaissent que l’on aurait maintenant beaucoup de mal à se passer de ces artifices. Mais ils n’en pensent pas moins que ces atteintes ont déséquilibré une nature qui, elle, était parfaitement harmonieuse. En développant un mode de vie plus confortable, l’humanité aurait donc commis une sorte de péché. Pour expier ses fautes, elle devrait désormais, autant que possible, minimiser son impact sur l’environnement et multiplier les espaces naturels où elle s’abstiendrait d’intervenir. Or, selon Philippe Pelletier, professeur émérite de géographie, cette approche moralisante n’a rien de surprenant : l’écologisme moderne, explique-t-il, puise en effet ses racines dans le protestantisme et, plus précisément, dans le puritanisme.