Croisades, jihâd, même combat ?

Malgré quelques similitudes, jihâd des musulmans et guerre sainte des chrétiens divergent dans leurs origines et applications.

En 1095, le pape Urbain II prêche le « combat contre les infidèles » turcs pour secourir les chrétiens d’Orient. Le lancement d’un « jihâd chrétien » ? Si les croisades marquent l’aboutissement de la guerre sainte, l’idée mûrissait depuis longtemps. « Déjà, l’Ancien Testament parle d’armée de Dieu, révèle l’historien John Tolan, spécialiste des contacts culturels et religieux entre mondes arabe et latin au Moyen Âge. Des passages du Deutéronome décrivent comment les armées juives doivent soumettre les territoires de leurs ennemis. » Mais comment le concept de guerre sainte, étranger au christianisme primitif, en est-il venu à être théorisé par l’Église catholique ?

Le basculement a été progressif. Si des moines chrétiens attaquent des communautés païennes dès le 4e siècle, l’idée de violences au service de l’Église est renforcée par saint Augustin, qui pose les bases de la « guerre juste », notamment contre les hérétiques donatistes.

Un concept valorisé, les siècles suivants, dans la lutte contre les Sarrasins et par l’alliance de l’Empire carolingien et de la papauté contre les « païens » saxons, hongrois ou normands. Après la dislocation de l’Empire, le mouvement de la paix de Dieu, initié par l’Église, vise à mettre fin aux guerres entre chevaliers chrétiens en Europe. Dans le même temps, la papauté valorise et sacralise les guerres en son nom. En premier lieu, les croisades.