Marine a 6 ans. Comme ses copines de classe, elle fait de la danse, deux fois par semaine. Une activité largement encouragée par sa mère et ses cadeaux : des livres, des films sur la danse, et une collection de Barbies danseuses. Jules, 8 ans, pratique le golf et le tennis, comme son père et son grand-père paternel, tandis que ses sœurs, Ariane et Léa, font de la danse classique comme leur mère et leur grand-mère maternelle avant elles.
Même si certains sports, comme la natation, sont mixtes, la plupart restent très marqués par la division entre sexes, explique la sociologue Christine Mennesson. L’enquête qu’elle a menée auprès de 36 familles, tous milieux sociaux confondus, révèle que 25 ont inscrit leurs enfants à des activités sportives très sexuées. Par exemple, la danse classique pour les filles, le rugby pour les garçons. Certains parents motivent explicitement ce choix par leur volonté de « développer la féminité » – la grâce, la souplesse, le corps droit – de leur fille ou la virilité – la force, la rapidité, la combativité – de leur garçon. De surcroît, l’implication des parents tend à consolider cette division : les pères prennent davantage part aux activités de leurs fils, et les mères à celles des filles. Chez les 12-17 ans, certains sports comme le jogging, le basket, le judo, le tennis ou le vélo sont pratiqués par les deux sexes. Cependant, rappelle la sociologue Vanessa Lentillon, garçons et filles s’y investissent différemment. Au basket, par exemple, « les garçons sont davantage concentrés sur les valeurs collectives et la rapidité du jeu et les filles accordent de l’importance à la précision et au non-contact 1 ».