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Quelle est la définition exacte de la dépression, et quels sont ses symptômes ?
La dépression, aujourd’hui appelée épisode dépressif caractérisé, est un trouble psychiatrique qui affecte l’humeur, le comportement et la santé globale. Elle se caractérise par des sentiments prolongés de tristesse, de vide ou de désespoir, et une perte d’intérêt pour beaucoup d’activités. Les symptômes incluent des changements dans l’appétit et le sommeil, une perte d’énergie avec ralentissement psychique et moteur, des difficultés de concentration, des douleurs… Pour être diagnostiqués, ces symptômes doivent être présents presque tous les jours pendant au moins deux semaines, et avoir un impact majeur sur le fonctionnement de la personne et la qualité de vie. C’est une maladie qui tue, en particulier les jeunes et les personnes âgées, avec plus de 9 000 morts par suicide par an en France dont une majorité est attribuable à la dépression.
Peut-on guérir tout seul d’une dépression ?
Le terme « épisode » dépressif dit bien ce qu’il veut dire : il y a un début et une fin. La dépression, c’est comme un tunnel, on y entre et on finit par en sortir, même sans traitement, mais au prix de nombreux dégâts. L’épisode dure en moyenne de six à huit mois, ce qui correspond à la recommandation officielle de durée de traitement par antidépresseurs, qui permet d’éviter le pire, c’est-à-dire non pas seulement la perte d’estime de soi, ou d’un travail, ou d’une relation sentimentale, mais l’alcoolisme par exemple, ou bien sûr le suicide. Le traitement accélère la guérison et la sécurise. Mais un épisode peut durer beaucoup plus longtemps si la personne en a déjà traversé plusieurs. 10 à 15 % des gens connaissent des épisodes qui peuvent durer des années.
D’où vient un épisode dépressif ? Est-ce une analyse rationnelle de l’existence qui conduirait au pessimisme ou à un constat d’échec personnel ?
Il ne s’agit pas d’une posture philosophique sur l’existence, mais d’un état global qui affecte le comportement, les émotions, la cognition, et même le corps : des données récentes montrent des inflammations dans certaines régions cérébrales et des atteintes du système immunitaire.
Les patients nous expliquent souvent qu’ils font une dépression à cause d’un divorce, du travail, d’une maladie… Notre cerveau adore trouver une explication simple à des problèmes compliqués. Or, non seulement la dépression est multifactorielle, mais le sens de la flèche causale peut s’inverser : il y a eu d’abord un épisode dépressif qui a fait perdre tout plaisir et toute envie, éventuellement a rendu irritable, d’où un impact négatif sur le couple… Il faut amener les patients à reconsidérer ce qu’on appelle en psychologie le locus interne ou externe (c’est-à-dire notre tendance à attribuer ce qui nous arrive plutôt à nous-même ou aux événements extérieurs). Comprendre que la dépression a un impact sur le monde extérieur et réciproquement, peut-être une motivation pour se soigner : ce n’est pas que la faute de la conjointe ou du conjoint, du patron… Si je ne vais pas bien, il est difficile pour les autres de créer du lien avec moi. Alors je dois me soigner.