Des bandits marseillais bien ordinaires

Marseille, capitale du crime ? À en croire la presse, la ville serait ravagée depuis les années 2000 par une « guerre des gangs » d’un nouveau genre. L’enquête menée par Anne Kletzen sur 94 règlements de compte perpétrés entre 2002 et 2012 offre pourtant un tableau plus nuancé. D’abord, ces règlements de compte sont moins nombreux que dans des années 1980 (44 en 1985, 28 en 2016). D’autre part, les célèbres quartiers nord de Marseille ne comptent que pour un tiers des assassinats – qui touchent notamment le reste du département, d’Aubagne à l’étang de Berre. Enfin, contrairement aux fantasmes xénophobes, les victimes et les mis en cause sont presque tous de nationalité française. L’auteure note toutefois quelques évolutions : autrefois réservé à des litiges importants, l’homicide pourrait aujourd’hui servir à régler des contentieux mineurs. Et les victimes sont plus jeunes qu’auparavant. 

 


Anne Kletzlen, Bandits contre bandits. Les règlements de compte à Marseille au cours des années 2000, Presses universitaires de Provence, 2020.