Tous les ans à Blois ont lieu les Entretiens de l’histoire. Durant quatre jours, tout ce que la petite ville compte d’amphithéâtres, de salles de conférence et même de cafés est occupé par des rencontres, tables rondes et débats. Pour sa XIIIe édition, le thème fédérateur était « Faire Justice » et les sujets de débat ne manquaient pas : de la justice médiévale aux actuels tribunaux internationaux, des crimes de l’Antiquité au procès d’Outreau, etc., plusieurs centaines de rencontres sont offertes à un public toujours au rendez-vous, le succès ne se démentant pas d’une année à l’autre.
Une autre occasion exceptionnelle est offerte à Blois : aller rencontrer directement les auteurs, qui pendant une heure ou deux sur leur stand, se plient volontiers au rituel de la signature. Pour les voir, il faut se rendre dans la grande librairie ouverte où des dizaines d’éditeurs regroupés dans la halle aux grains et sous un chapiteau voisin tiennent leur stand (Sciences Humaines y a le sien). Nous sommes allés à la rencontre de quelques-uns de ces auteurs.
La petite histoire dans la grande
La première rencontre est avec un couple, Daniel et Françoise Rivet, venu signer son livre, Tu nous as quittés… Paraître et disparaître dans le carnet du monde (Armand Colin, 2009). Les auteurs ont épluché les faire-part de naissance et de décès parus dans le carnet du Monde depuis soixante ans pour voir comment les annonces avaient évolué. A priori, le sujet paraît minuscule, mais il suffit de dialoguer deux minutes avec les auteurs pour comprendre qu’il n’en est rien. « Jusque dans les années 1970, les annonces de décès étaient très codifiées, mondaines, solennelles, explique D. Rivet. On s’en tenait pompeusement aux titres et statuts, comme “M. X, chevalier de la Légion d’honneur” »… Puis l’expression est devenue moins solennelle, plus affective et personnelle. On fait moins de place aux titres et plus à la personne. « C’est la même chose pour les naissances, renchérit F. Rivet, les gens personnalisent et poétisent les annonces. On sort des codes formels pour mettre en scène ses émotions ; on cherche aussi à affirmer son originalité. »