Éradiquer les maladies

De même que les grandes épidémies tueuses ont été éradiquées au 20e siècle des sociétés développées, il est possible de réduire massivement les cancers et les maladies cardiovasculaires, nouveaux fléaux de notre temps. Les solutions existent.

Mark Zuckerberg n’est pas qu’un « sale con », comme l’affirmait sa copine Erica dans le film The Social Network (David Fincher, 2010). Dans le cœur du fondateur de Facebook, il y a l’âme d’un bienfaiteur humaniste qui veut sauver le monde. La preuve ? Il vient de décider de faire un don de 3 milliards de dollars destinés à financer un plan décennal pour « guérir, prévenir et gérer toutes les maladies d’ici la fin du siècle » ! Concrètement Mark Zuckerberg et son épouse (Priscilla Chan, pédiatre) vont verser dans leur fondation philanthropique, la Chan Zuckerberg Initiative (CZI), la somme sur une décennie 1. L’objectif est d’abord de consacrer 600 millions de dollars à la création d’un centre de recherche biomédical (Biohub) qui verra le jour à San Francisco (États-Unis) et réunira les meilleurs spécialistes des universités de Stanford et de Berkeley (toutes deux situées dans l’État de Californie où est installé Facebook) : leur mission sera de développer des outils de dépistage tels qu’une « intelligence artificielle capable d’interpréter les scanners cérébraux », « le séquençage génomique des tumeurs », la création d’une « une puce diagnostiquant les maladies infectieuses », etc.

Le projet fleure bon l’esprit high-tech de la Silicon Valley : il s’agit de dynamiser la recherche médicale en s’appuyant sur les technologies numériques. Sur le plan éthique, il s’inscrit dans la lignée de la philanthropie des capitaines d’industries américains de Rockefeller ou celle de Bill Gates.

Mais un projet aussi volontariste – éradiquer des maladies – a-t-il quelque chance d’aboutir ? Pour répondre à cette question, il est bon de prendre un peu de recul et de regarder comment a évolué l’état de santé de la population mondiale depuis deux siècles.

Les grands progrès médicaux depuis deux siècles

L’idée d’éradiquer des maladies (ou du moins d’en réduire drastiquement les effets) n’est pas qu’une utopie : on a déjà assisté à des initiatives couronnées de succès dans un passé récent, comme le montre Angus Deacon, prix Nobel d’économie 2015, dans son livre La Grande évasion (2016). Quand on observe les progrès de la santé mondiale depuis deux siècles, un premier fait massif s’impose : la croissance mondiale et la mondialisation se sont accompagnées d’un progrès considérable pour la santé mondiale. En 1800, un enfant sur trois mourrait en bas âge. Et les « survivants » étaient guettés par la faucheuse à chaque âge : l’enfance, l’adolescence, l’âge adulte étaient menacés par les grands fléaux épidémiques qu’ont été la tuberculose, la peste, le typhus, la syphilis, la variole la grippe.