Et si le Temple n'avait pas brûlé ?

À quoi ressemblerait le judaïsme si les Romains n’avaient pas mis le feu au Temple de Jérusalem en 70 ? Le monde en serait-il changé ?

Question iconoclaste : à quoi ressemblerait le judaïsme contemporain, si les ancêtres des juifs d’aujourd’hui n’avaient pas subi la sanglante défaite de l’an 70, quand les légions de Titus pillèrent Jérusalem et incendièrent le Temple, cœur de la religion juive ?

Sans cette catastrophe, les Judéens seraient restés chez eux. Leurs sages auraient continué d’être des prophètes, des prédicateurs, des prêtres et des psalmistes. Ils auraient continué à avoir des rois de la lignée davidique et la terrible menace brandie par le livre du Deutéronome, l’exil et la déportation, ne les auraient même pas effleurés. Le second Livre des Rois, qui se termine sur un faire-part de deuil, n’aurait jamais vu le jour. Et surtout ce maquis de lois, d’interdits, de règles et de codes (sacerdotal et royal) n’aurait jamais vu le jour.

Notamment, le Talmud de Babylone n’aurait pas existé, puisque la classe des érudits de la Torah aurait déployé ses activités religieuses dans un tout autre sens. Car c’est pour se prémunir des violences et des menaces de l’exil et de la déportation que les sages talmudiques ont excogité tant de règles visant à préserver l’intégrité physique et morale de leur peuple. L’historiographie juive que nous connaissons aurait pris un tout autre visage. Et peut-être aurions-nous pu découvrir l’essence véritable de ce peuple, qui a fait au reste de l’humanité (99,8 % aujourd’hui) l’apostolat du monothéisme éthique et du messianisme. Même la doctrine messianique qui laissera, dans sa forme laïcisée ou sécularisée, des traces indélébiles dans le socialisme et le communisme, n’aurait peut-être jamais vu le jour.