Faut-il enrayer l'exode des cerveaux ?

Des études récentes ont prouvé que l'exode des cerveaux est loin de ne profiter qu'aux seuls pays d'accueil. Mais elles ont aussi enseigné que les politiques coercitives visant à contrecarrer le brain drain étaient sans effet.

Il y a aujourd'hui dans le monde plus d'un million et demi d'étudiants expatriés. Les Etats-Unis (30,2 %) et l'Union européenne (40,6 %) accueillent à eux seuls l'essentiel de ces étudiants : près de 500 000 aux Etats-Unis ; 200 000 en Grande-Bretagne ; 170 000 en France ; 159 000 en Allemagne (données de 1995-1996). Ces chiffres cachent une double réalité. Tout d'abord, une migration d'étudiants venus des pays développés, qui font des séjours plus courts, souvent orientés sur l'apprentissage des langues. Ensuite, une immigration venue des pays émergents ou en voie de développement, centrée sur l'acquisition de compétences en science et technologie, à des niveaux universitaires élevés. Ce constat, qu'effectuent Anne-Marie et Jacques Gaillard, caractérise les migrations estudiantines depuis une quarantaine d'années qu'on les étudie. Cependant, de 1980 à 1995, ces flux migratoires ont été multipliés par 4. Même si, à cette date, la Chine comptait le plus d'étudiants à l'étranger (121 400), ce sont les pays industrialisés qui ont le plus contribué à cette forte progression. Le Japon est passé de 18 000 à 64 300 étudiants expatriés. En Europe, les programmes d'échanges interuniversitaires ont eu le même type d'effet.