Gary Becker, au carrefour de la sociologie et de la science économique, s’est intéressé à des sujets aussi divers que les discriminations, le capital humain, l’allocation du temps, la criminalité, la justice, la famille. Son point d’entrée : la rationalité des individus. Il s’agit d’éclairer les comportements humains à la lumière des incitations qui peuvent freiner ou favoriser une décision. De cette perspective d’analyse des problèmes sociaux avec les outils de la science économique, il ressort que l’on s’engage dans un acte délictueux, dans une carrière criminelle, dans une union (ou une séparation) en pesant, plus ou moins finement, les avantages et coûts de telles décisions.
Cette théorie du choix rationnel, qui influencera notamment un Raymond Boudon, s’appuie sur la mise en évidence des préférences individuelles. Celles-ci portent sur des investissements de long terme (par exemple dans le système éducatif), des habitudes (fumer, boire, conduire ou non avec sa ceinture de sécurité) ou des agissements quotidiens (préférer lire un livre ou regarder la télévision). Là où sociologues, psychologues et anthropologues voient, généralement, de la morale, des normes et pressions sociales, des forces culturelles, l’approche beckérienne revient à tout ramener à des préférences individuelles.