Tout le monde a besoin d’un coach. » Ce n’est pas le slogan d’une enseigne de coaching en vue, mais bien une citation d’Eric Schmidt, ancien PDG de Google. « La seule chose pour laquelle personne n’est doué, c’est de se voir comme les autres nous voient », expliquait-il lors d’une interview en 2011. Et en effet, s’il y a bien des professionnels qui peuvent bénéficier de l’apport d’un regard extérieur sur leur pratique, ce sont les dirigeants : lorsqu’on est au sommet de la pyramide, aucun n + 1 ne vient vous faire de feedback, et rares sont les collaborateurs qui osent vous dire vos quatre vérités. En France, en 2020, la Fédération internationale de coaching (ICF) estimait que 9 % des coachs avaient fait du coaching de dirigeants leur spécialité. Une autre étude de l’Observatoire des métiers du numérique, de l’ingénierie, du conseil et de l’évènement (Opiiec) publiée en 2022 recense, sur deux ans, 312 offres de recrutement de coachs de dirigeants, contre 19 pour des coachs professionnels et 11 pour des coachs internes.
« Il est difficile d’objectiver une hausse de la demande, car il s’agit plus d’un marché que d’une discipline », nuance Thierry Chavel, auteur d’une thèse sur le coaching de dirigeants et lui-même coach. Il estime toutefois que la demande s’est accélérée. D’une part, la gouvernance des entreprises est devenue plus démocratique après la crise des subprimes. « Dans une entreprise cotée ou sous fonds d’investissement, un patron doit davantage rendre de comptes aujourd’hui. » D’autre part, les chefs d’entreprise sont en proie à une « fragilisation des élites », les exposant davantage au burnout. « Un dirigeant ne va pas rencontrer un psy en première instance, mais plutôt un coach, car ce sera plus facile de déposer sa fragilité dans espace non clinique. »