Giddens Anthony

Le théoricien de la « troisième voie »

Anthony Giddens, directeur de la prestigieuse London School of Economics depuis 1997, est aussi le sociologue de la « troisième voie » promue par son ami Tony Blair. Ensemble, ils viennent de cosigner un livre (La Troisième Voie. Le renouveau de la social-démocratie) dans lequel ils exposent les grands principes de leur philosophie politique.

La troisième voie, c'est le chemin entre le socialisme archaïque (façon ancien Labour Party) et le libéralisme économique pur et dur (façon Margaret Thatcher). Refusant la simple gestion mesurée de l'état de choses, la nouvelle gauche se veut à la fois réformiste et « moderne ».

La gauche traditionnelle privilégiait l'Etat contre le marché ; la droite a défendu le libéralisme économique et l'Etat minimum. La « troisième voie » est celle de la synthèse sociale-démocrate (un Etat régulateur + un marché) à laquelle s'ajoute une dose de « communautarisme ». La « bonne société » ne doit pas oublier que la famille, les associations, les réseaux, les communautés locales, le tiers-secteur ont leur place dans le rétablissement de la solidarité, de l'autorité, de la moralité de la vie publique.

Longtemps influencée par le marxisme, la vision que A. Giddens a de la société est désormais marquée par le pluralisme. Le monde n'est pas gouverné par une logique unique (l'économie et les conflits de classes), mais par une pluralité de logiques qui s'enchevêtrent. De ce fait, la société moderne reste une machine sans pilote ni direction unique. On peut tenter de la réguler, de la piloter, à défaut d'en diriger vraiment le cours. L'individu, dans cette société, n'est ni un agent aveugle, ni un esprit rationnel. Il utilise sa réflexivité (connaissance du monde social) pour agir en société (consommer, voter, travailler). Et la sociologie peut avoir un rôle sur le cours des choses en ce qu'elle fournit des représentations globales de la société. Quant au sociologue, il peut intervenir aussi en tant que conseiller du prince.

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En l'occurrence, un prince nommé... Tony Blair.