Quel point commun y a-t-il entre les habitants de Tuvalu, petit État insulaire menacé par la montée des eaux de l’océan Pacifique, et les canaris envoyés sous terre par les mineurs pour s’assurer de l’absence de gaz toxiques dans les galeries de charbon ? Le sort des Tuvaluans annonce ce qui nous attend à l’échelle mondiale avec l’accélération du réchauffement climatique… À l’image des canaris, premières victimes des coups de grisou, qui – malgré eux – alertaient les mineurs du danger. C’est en tout cas la perception que l’Occident a des Tuvaluans. Canaris pris au piège dans la mine, ils sont considérés comme le « symbole par excellence de la crise climatique et de sa conséquence inéluctable, les (…) populations déplacées par la hausse du niveau des mers », explique le géographe belge François Gemenne. Mais il tempère aussitôt : pour lui, cette vision occidentale des Tuvaluans n’est pas l’exact reflet de la réalité. Le géographe a mené une enquête de terrain à Tuvalu, et en Nouvelle-Zélande auprès de Tuvaluans immigrés. On pense à première vue que la menace de submersion du petit archipel est la raison principale de l’émigration des Tuvaluans vers les pays voisins. Pourtant, le motif le plus fréquemment invoqué par les migrants interrogés est l’attrait que représente pour eux la dynamique de l’économie néo-zélandaise. F. Gemenne nuance ainsi l’idée selon laquelle les Tuvaluans sont essentiellement des « migrants climatiques ».
, « Tuvalu, un laboratoire du changement climatique ? », et Marc Lavergne, « Le réchauffement climatique à l’origine de la crise du Darfour ? », , n° 204, octobre-décembre 2010.Guerres et migrations : la faute au réchauffement climatique ?
Accuser le changement climatique de provoquer des guerres en Afrique ou l’émigration à Tuvalu, c’est occulter les véritables enjeux de ces situations, expliquent deux géographes.