Kevin s’agite énormément. Il a du mal avec toute limite et toute frustration. Il papillonne en permanence et ne semble guère pouvoir fixer son attention à l’école et dans toute tâche scolaire. Mais le dimanche avec son grand-père, il est sage comme une image et hyperconcentré, quand ils vont tous les deux à la pêche des heures durant, et qu’il est l’objet de toute l’attention du papy… Lise, a contrario, est tellement inhibée, en retrait, timide et pas sûre d’elle-même, gênée dans son corps, figée dans tout exercice sportif et moteur, comme absente dans le travail scolaire. Pourtant, quand elle est testée, elle témoigne d’une intelligence vive et même d’une appétence intellectuelle considérable…
La psychomotricité s’intéresse à la manière singulière d’habiter son corps, à notre être au monde. Elle témoigne du lien entre corps et psyché dans toute son épaisseur, sa potentialité créatrice et ses conséquences sur le développement harmonieux ou pas. Si elle est souvent confondue avec le seul exercice des fonctions motrices, la « performance » gestuelle, en vérité l’organisation psychomotrice ne peut se comprendre que « globalement » et qu’au regard du développement. L’enfant – le « petit d’homme » comme disait Rudyard Kipling – est un être de développement, portant dès son origine et dans sa pleine qualité subjective, ses forces et ses fragilités, ses potentialités et ses équipements singuliers, mais également un potentiel ouvrant une incroyable page à écrire de ses rencontres, ses souffrances autant que de sa créativité. La psychomotricité d’un individu, c’est évidemment à la fois la dimension imaginaire et éminemment psychique des représentations de soi-même et de l’investissement de son corps « en relation » et la dimension plus neurocognitive et fonctionnelle de son corps dans son rapport au monde (qualité du geste, schéma corporel, organisation spatiotemporelle, harmonie tonique et posturale, sensorimotricité, etc.).