Histoire mondiale de la guerre froide 1890-1991

Histoire mondiale de la Guerre froide 1890-1991, Odd Arne Westad, Perrin, 2019, 720 p., 28 €

Si l’on peut fixer à l’année 1917, celle de la révolution russe, les prémisses de l’affrontement Est-Ouest, pourquoi remonter plus loin ? Parce que, selon Odd Arne Westad, la guerre froide est bien sûr un combat idéologique, mais aussi une rivalité géopolitique qui renvoie à des sources plus anciennes.

Année 1991 : la fin de l’URSS et la chute du mur de Berlin, suivies de la réunification de l’Allemagne, marquent officiellement la clôture d’une période d’hostilité entre les deux blocs Est-Ouest, Soviétiques et bloc de l’Est d’un côté contre Américains et leurs alliés de l'autre. La confrontation, issue de la Seconde Guerre mondiale, a eu comme épicentre l’Allemagne coupée en deux.

Mais, souligne l’historien Odd Arne Westad, dès la seconde moitié du 19e siècle, et même plus tôt pour la Russie, on a vu deux États se consolider et gagner en influence hors des limites du sol national. Ainsi les Américains qui, longtemps isolés voire isolationnistes, acquièrent contre l’Espagne en 1898 les Philippines et d’autres possessions espagnoles dans les Caraïbes et dans le Pacifique. De son côté, la Russie tsariste s'est, tout au long du siècle, emparée du Caucase après s’être imposée dans le jeu européen contre Napoléon. Quant à l’idéologie, elle confronte deux modèles politico-économiques. La fin du 19e siècle est en effet marquée par une première grande dépression économique, à laquelle s’ajoutera celle de 1929. À cette date, le système capitaliste suscite de plus en plus de doutes. Entretemps a eu lieu la Révolution d’octobre et un premier contre-modèle s'est incarné, celui du communisme. Le fascisme va en constituer un second. On constate donc qu’avant même leur confrontation ouverte, Américains et Russes sont engagés dans deux dynamiques rivales qui vont aller en s’accentuant avec les guerres mondiales.

À ce recul temporel, O.A. Westad ajoute un élargissement géographique. Spécialiste de la Chine et de l’Asie de l’Est, il remet en scène les conséquences de la guerre froide dans ces régions. Il rappelle aussi que l’Amérique du Sud, considérée par les États-Unis comme faisant partie de sa zone d’influence directe, ainsi que le Moyen-Orient, ont été également des théâtres d’opérations entre les deux grandes puissances. C’est donc à juste titre que O.A. Westad peut parler d’une histoire mondiale de la guerre froide.