Au pied de la barre d’immeubles de quatre étages, les habitants vaquent à leurs occupations habituelles. Au 8 de la cité Émile-Dubois à Aubervilliers (93), l’Association pour un musée du logement populaire (AMuLop) a installé le QG de « La vie, HLM », une exposition consacrée à l’histoire des habitants de ce quartier populaire de 1950 à nos jours.
Un rapide passage par l’accueil, dans un appartement mis à sa disposition par l’Office public de l’habitat d’Aubervilliers, propose les grands jalons historiques. Puis place à l’immersion. La première visite démarre au 10, devant la porte rouge n° 176 qui ouvre sur l’appartement des Croisille, dont nous allons partager la journée.
Une journée chez les Croisille
Retour en 1967. Il est 6 heures du matin. Jacques, le père, s’apprête à se lever. Il embauche à 7 h 30 à l’usine Baccarat à Paris, où il est monteur en bronze. « Un poste d’ouvrier qualifié qu’il adore », précise la guide Houda Tagui, en parcourant les pièces du F3 de 51 m2. Le bleu de travail pend à un cintre. Dans la cuisine, le moulin à café attend sur la table en formica que Jacqueline, la mère, vienne préparer le petit-déjeuner. Dans la chambre voisine, les enfants dorment encore.
Sur le buffet de la salle à manger, une photo immortalise l’emménagement en 1957, l’année de la construction des « 800 ». Dans un coin, un numéro du journal L’Humanité, rappelle que cette terre d’industrie fut longtemps un bastion communiste.