À la recherche des générations

Très utilisé au quotidien, ce concept dissimule des réalités complexes et mouvantes : aucune génération n’est jamais gravée dans le marbre. 

• Comment se forment et s’opposent les générations ?

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Deux auteurs classiques ont fortement influencé l’analyse de ce thème : le sociologue allemand Karl Mannheim et l’anthropologue américaine Margaret Mead. Dans Le Problème des générations (1928), le premier souligne que des classes d’âge proches forment une génération potentielle, car elles partagent une même « situation de génération ». Mais pour qu’elles deviennent effectivement une génération, elles doivent avoir conscience de participer d’un destin commun. Une conscience de génération qui peut ensuite se retrouver déstabilisée par l’évolution du monde.

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Dans Le Fossé des générations (1970), Margaret Mead s’intéresse justement à ce basculement, incarné par les mutations de la transmission. Dans une culture « postfigurative », typique des sociétés traditionnelles, elle est descendante, des parents vers les enfants ; dans les sociétés industrielles, la culture se fait de plus en plus « cofigurative », avec un rôle accru des groupes de pairs (camarades d’école, collègues…) ; la sociologue, enfin, sent émerger une culture « préfigurative » où les jeunes se chargent d’expliquer le monde aux anciens et où les enfants représentent, pour la génération des parents, l’inconnu.