Homosexualités rituelles en Nouvelle-Guinée

Tout contact génital n’est pas sexuel. C’est ce que montrent certaines pratiques rituelles de Nouvelle-Guinée dans lesquelles désir et plaisir n’ont aucune part.

Au début des années 1980, le livre d’un anthropologue américain, Gilbert Herdt, décrivait comment, chez les Sambia des Hautes-Terres de Papouasie, les jeunes garçons étaient contraints – dans des circonstances précises – à des rapports sexuels avec des hommes adultes. Plus précisément, ils devaient avaler leur semence au cours de fellations répétées. G. Herdt montrait que cette pratique faisait partie des rites d’initiation masculins, et lui donna le nom d’« homosexualité rituelle ». Il s’avéra bientôt que des pratiques analogues existaient – ou avaient existé – dans bon nombre de sociétés voisines : chez les Kaluli, chez les Baruya étudiés par Maurice Godelier, et d’autres tribus encore. En fait, différentes pratiques homosexuelles étaient connues depuis longtemps en Nouvelle-Guinée. Elles avaient été signalées chez les Marind Anim dans les années 1920 par Jan van Baal, et chez les Vailalas par Francis Edgar Williams. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agissait de rapports homosexuels dirigés vers de jeunes garçons, auxquels les auteurs, dès cette époque, donnaient une signification symbolique, voire cosmologique. Entre ces premières descriptions et les années 1980, cependant, les ethnographes étaient restés silencieux sur le sujet, considérant sans doute qu’il s’agissait d’une perversion moderne, apportée par la colonisation. Mais aujourd’hui, la richesse des études consacrées à ces pratiques ne laisse planer aucun doute : il existe, dans les traditions mélanésiennes, des prescriptions de pratiques homosexuelles qui n’ont rien à voir avec ce que l’Occident entend sous cette appellation, ni même avec ce que la « pédérastie » antique comprenait.