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Où en est le processus de paix ?
Israéliens et Palestiniens sont englués dans un conflit interminable qui dure depuis plus de soixante ans. Alors que le reste du monde a traversé des changements majeurs (fin de la guerre froide, démocratisation de l’Amérique latine, développement des grands pays émergents que sont les Bric’s – Brésil, Russie, Chine, Inde, Afrique du Sud… –, révolutions postislamiques au Moyen-Orient…), les deux peuples semblent être éternellement condamnés à la guerre perpétuelle et insoluble.
C’est que le conflit est traversé par des charges symboliques puissantes : l’affrontement est nationaliste et fortement territorialisé (deux projets nationaux s’y affrontent pour un seul territoire restreint de 28 000 km2 – la taille d’une région française comme la Bretagne) ; il renvoie aux vieilles traditions religieuses et concentre certains des « lieux saints » de trois des monothéismes historiques (mur des Lamentations, Saint-Sépulcre, esplanade des Mosquées) ; la création de l’État d’Israël s’est faite dans le contexte de la fin de la Seconde Guerre mondiale et du génocide des Juifs – même si sur le moment le lien entre Holocauste et projet national a été peu mis en avant ; enfin le conflit a été largement instrumentalisé par les tenants du « choc des civilisations » des deux camps : Orient contre Occident, Juifs contre Arabes musulmans, croisés contre djihadistes… Les clichés ne manquent pas et rendent encore plus complexe un possible processus de sortie de conflit.
L’espoir du processus d’Oslo
Pourtant celui-ci a bien existé. Le processus d’Oslo a été l’un des grands moments d’espoir de la région. Le 30 octobre 1991 s’ouvre à Madrid une conférence qui réunit pour la première fois l’ensemble des partis de la région, y compris les Palestiniens. La fin du monde bipolaire lance une réflexion d’ensemble sur un « nouvel ordre mondial », dans lequel le conflit israélo-palestinien peut trouver une solution. Le double mécanisme de pourparlers bilatéraux entre Israël, et la Syrie, la Jordanie, le Liban et la délégation palestinienne, et des négociations thématiques multilatérales sur les réfugiés, l’environnement, l’eau, le contrôle des armements et la coopération économique…, associé à des négociations secrètes en Norvège – d’où le nom de processus d’Oslo – débouchent le 13 septembre 1993 sur les accords de Washington. La reconnaissance mutuelle de chacun des acteurs politiques par l’autre est le socle d’une série de mesures sur cinq années (les accords intérimaires) visant à créer un territoire étatique viable pour la nouvelle Autorité palestinienne avec Jérusalem-Est comme capitale, et à établir des processus de coopération entre les deux États. À l’échelle régionale, la Jordanie devient le deuxième État après l’Égypte à faire la paix avec Israël, et un accord avec la Syrie est alors en bonne voie.
Impasse sur la colonisation
Mais l’ensemble du processus se grippe à partir des années 1995-1996. Des deux côtés, les partis et les hommes politiques hostiles au processus d’Oslo deviennent de plus en plus influents : l’assassinat de Yitzhak Rabin en novembre 1995, la victoire électorale de Benyamin Nétanyahou, très hostile aux négociations, en 1996, l’influence croissante du Hamas – qui refuse de participer aux élections qui mettent en place l’Autorité palestinienne en 1996 et se lance une campagne d’attentats-suicides meurtriers –, tout cela entraîne un blocage croissant des systèmes institutionnels mis en place au début des années 1990.
Surtout, la poursuite massive de la colonisation israélienne – entamée après la prise de la Cisjordanie et de Jérusalem en 1967 – va être le point d’achoppement définitif du processus de paix. Entre 1992 et 2000, le nombre de colons passe de 110 000 à 200 000 et les blocs de colonies se développent largement, contredisant sur le terrain les avancées institutionnelles.
En 2011, il y a désormais 300 000 colons en Cisjordanie (par comparaison, le nombre de colons à Gaza – évacuée en 2005 – était de 8 000) et 200 000 colons à Jérusalem-Est, soit plus de 500 000 colons répartis dans 122 colonies.
La colonisation en Cisjordanie
La carte ci-dessus, dite « de l’archipel palestinien », a beaucoup fait parler d’elle au moment de sa publication dans l’Atlas du Monde diplomatique (1). Julien Bousac, le cartographe, a transformé en « mer » les territoires contrôlés par Israël en Cisjordanie. La Palestine apparaît alors comme un archipel, où des fragments territoriaux (les îles) sont séparés par des bras de mer, ce qui rend toute homogénéité nationale impossible.
Cette carte, à la fois spectaculaire et ironique, présente la situation territoriale de la Cisjordanie et la non-viabilité économique et politique d’une telle organisation territoriale. Jacques Lévy (2), géographe à l’École polytechnique de Lausanne, examinant en détail une carte de l’Onu (2007), a montré comment « il s’agit en fait de réaliser une multitude de microenfermements qui font système, mais demeurent peu repérables ». Selon lui, la construction de la « barrière de sécurité » (le mur), la multiplication des check-points, la restriction de l’usage des routes, la création de réserves naturelles, etc., tout cela va bien au-delà des objectifs géostratégiques classiques de protection des colonies. « L’objectif consiste à rendre possible, simultanément et dans les mêmes lieux, deux lectures de l’espace cisjordanien qui devient en même temps palestinien et israélien. » Comment ? « Tout simplement par la superposition de deux topologies et notamment de deux réseaux routiers. » La couche israélienne est dominante, elle contrôle tout le système de routes et permet une accessibilité totale. La couche palestinienne est au contraire dominée, lacunaire, pleine d’arrêts et de butées.
Tom Segev, l’un des plus célèbres historiens israéliens, va dans le même sens : l’idée d’une « Cisjordanie (…) destinée à la colonisation juive de peuplement (…) a déjà causé beaucoup de dégâts, et nous n’avons pas fini d’en payer le prix (3) ».
NOTES
(1) Julien Bousac, Atlas : un monde à l’envers, Le Monde diplomatique, 2009.
(2) Jacques Lévy, « Topologie furtive », EspacesTemps.net, 28 février 2008. www.espacestemps.net/document4543.html
(3) Tom Segev, « Trying to “teach Hamas a lesson” is fundamentally wrong », Haaretz, 29 décembre 2008. www.haaretz.com/print-edition/opinion/trying-to-teach-hamas-a-lesson-is-fundamentally-wrong-1.260424
L'origine de la violence
La colonisation est souvent mise en avant pour expliquer la violence actuelle dans le conflit entre Israéliens et Palestiniens. Face à une colonisation qui dure depuis 1967, où 17,4 milliards de dollars ont été investis depuis 40 ans pour construire les différentes colonies (1), et qui concerne en 2011 500 000 colons – les Palestiniens considèrent comme légitime la guerre irrégulière, éventuellement terroriste.
À l’inverse, certains dirigeants Israéliens affirment que la colonisation n’est qu’un prétexte à une violence palestinienne qui a en réalité d’autres raisons. Le ministre adjoint des Affaires étrangères, Danny Ayalon, affirme que la colonisation comme explication de la violence terroriste est un simple « mantra ». Réagissant à un assassinat dans la colonie d’Itamar en mars 2011, il explique que « la haine et la violence qui ont tué cinq membres de la famille Fogel existaient bien avant l’État juif. Elles n’ont pas de lien avec une “occupation” ou les colonies. Ce mythe n’a pas de fondations fiables ». La violence viendrait en réalité du refus palestinien de la coexistence et de l’existence même d’Israël : « Tout ceci éclaire les incitations à la violence de l’Autorité palestinienne à travers ses médias, ses mosquées et son système éducatif (2). »
NOTES
(1) Données du centre Macro, www.macro.org.il/english.html(2) Danny Ayalon, « Israel and the occupation myth », The Wall Street Journal, 29 mars 2011.
Des guerres israélo-arabes au conflit israélo-palestinien
La création d’Israël
Au début du XXe siècle, le nationalisme juif débouche sur la construction de l’idée d’un État-nation en Palestine. Dans le même temps, le nationalisme palestinien, pris dans l’effondrement de l’Empire ottoman, reste très embryonnaire.
• 1896 – 1897. Dans la foulée de la publication de Der Judenstaat (L’État juif), Theodor Herzl réunit à Bâle le premier congrès sioniste.
• 2 novembre 1917. Déclaration Balfour : le gouvernement britannique « envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif ».
• 14 mai 1948. David Ben Gourion proclame à Tel-Aviv la naissance de l’État d’Israël dans les territoires prévus par le plan de partage de l’Onu de 1947.
Les guerres pour la survie
À partir de 1948, l’affrontement des deux nationalismes israélien et palestinien se fait dans le contexte général du monde arabe. Plusieurs guerres entre Israël et les pays arabes débouchent sur la stabilisation d’Israël puis sur l’extension de sa domination territoriale à la Cisjordanie.
• 1948-1949. La première guerre israélo-arabe est une guerre de survie pour Israël face à l’attaque simultanée de cinq armées arabes. Du côté palestinien, elle est considérée comme la « catastrophe » (al-Nakba) : plus de 700 000 Palestiniens sont chassés de Palestine.
• 1967. La guerre des Six Jours est l’événement le plus important de la période récente. Elle marque à la fois l’effondrement des armées des pays arabes face à Tsahal, la prise de Jérusalem et de la Cisjordanie entraînant la colonisation, et l’émergence du mouvement national palestinien qui ne se réduit plus à la question des réfugiés mais pose la question d’un État palestinien.
• 1977. Le 19 novembre, le président égyptien Anouar al-Sadate s’adresse à la Knesset. Les pays arabes sortent progressivement du conflit ce qui permet à la question territoriale palestinienne d’apparaître.
Le resserrement du conflit
À partir des années 1980, l’enjeu principal du conflit devient la construction de deux États (processus d’Oslo). Après l’échec d’Oslo, du côté israélien, la colonisation est vue comme la construction unilatérale de l’État territorial israélien ; du côté palestinien, la violence (éventuellement terroriste) comme réponse du faible au fort, doit permettre de débloquer la situation de la domination d’Israël sur les territoires occupés illégalement.
• 1987-1993. La première Intifada commence dans le contexte de la chute de l’URSS et du « nouvel ordre mondial ». Le processus d’Oslo débouche sur les accords de Washington du 13 septembre 1993 qui valident une solution de compromis visant à instaurer deux États inégaux, mais viables.
• 2000-2005. L’échec d’Oslo débouche sur une seconde Intifada très différente de la première. Menée par des groupes qui se militarisent rapidement, elle fait 4 450 morts, essentiellement des civils : 3 348 Palestiniens, 996 Israéliens à la fin 2005. Y alternent assassinats politiques et opérations militaires (à Jénine en 2002 par exemple) et plus de 100 attentats-suicides entre 2001 et 2003.
• 2005-2011. Blocage total. L’idée de paix négociée a disparu de l’horizon politique. Les Israéliens « se sont résignés à gérer le conflit » (Alain Dieckhoff) dans un contexte de poursuite de la colonisation. Les Palestiniens sont dans l’impasse.
Vers un État palestinien : quels scénarios ?
Depuis le début de l’année 2011, les conseillers de Barack Obama débattent pour savoir s’il n’est pas temps pour les États-Unis de relancer un processus de paix dans l’impasse totale depuis 2008. Fin avril, assistant au US-Islamic World Forum au Qatar, Hillary Clinton, la secrétaire d’État américaine, indiquait que « dans les prochaines semaines, le président Obama parlera de façon plus détaillée de la politique des États-Unis au Moyen-Orient ». ». Et lorsque finalement le 19 mai, B. Obama fait le point sur les révolutions dans le monde arabe, il déclare que le point de départ de deux États viables, ce sont « les frontières de 1967 ».
Immédiatement, les officiels israéliens et le Premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, réagissent et refusent l’idée des frontières de la « Ligne verte » de 1967, qui supposerait un démantèlement de 90 % des colonies actuelles. Et ils s’interrogent : B. Obama a-t-il un nouveau plan d’ensemble à proposer à toute la région ? La réponse est « non ». « Pour l’instant ».
Une reconnaissance par l’Onu ?
Car, « pour l’instant », le calendrier politique de la fin de l’année 2011 est organisé autour d’une date : en septembre, au moment de la réunion de l’Assemblée générale de l’Onu à New York, l’Autorité palestinienne pourrait demander la reconnaissance officielle de l’État de Palestine.
Depuis cette annonce, chacun fourbit ses armes. Les républicains invitent B. Nétanyahou à s’exprimer devant le Congrès en mai ; les officiels palestiniens comptent leurs forces : quels États de l’Onu reconnaîtraient un nouvel État de Palestine dans les frontières de 1967 ? C’est également dans cette perspective qu’il faut comprendre le rapprochement entre les frères ennemis palestiniens du Fatah (qui contrôle les enclaves de Cisjordanie) et du Hamas (qui contrôle la bande de Gaza) : l’accord signé en Égypte à la toute fin d’avril 2011 est l’une des préparations nécessaires à la reconnaissance par l’Onu.
Quel État pour les Palestiniens ?
Les blocages actuels du processus de création de l’État-nation palestinien ont incité les Palestiniens à explorer d’autres voies. Dans What is a Palestinian State Worth, Sari Nusseibeh, philosophe et président de l’université palestinienne Al-Qods à Jérusalem-Est, présente les différents scénarios possibles (1). S’il ne cache pas sa préférence pour la solution de deux États viables, il la considère désormais comme très improbable. Idem pour l’autre solution nationale avancée depuis longtemps, celle d’un seul État israélo-palestinien qui engloberait les deux peuples devenus un seul. S. Nusseibeh avance alors une troisième possibilité : pour sortir du conflit, il faut aller vers un seul État commun, mais dirigé par les Israéliens. Les Palestiniens auraient des droits économiques et sociaux, mais pas de droits politiques. « En bref, dit-il, dans ce scénario, les Juifs garderaient le contrôle du pays mais les Arabes pourraient au moins y vivre (1). »
Dans la revue Foreign Affairs, le politiste américain Carl Brown commente : « La démonstration désenchantée de ce livre sera peut-être un électrochoc pour l’ensemble des parties qui pourraient y redécouvrir les vertus de la difficile solution de deux États viables.
NOTE
(1) Sari Nusseibeh, What Is a Palestinian State Worth, Harvard University Press, 2011Le Hamas : association, armée ou parti politique ?
Le 14 décembre 1987, un communiqué de presse soutenant la première Intifada, publié par un groupe palestinien jusqu’alors inconnu, le Mouvement de la résistance islamique, marquait la naissance du Hamas. Les Frères musulmans palestiniens, d’abord sous la direction de cheikh Ahmed Yassine (1937-2004), puis de Khaled Meshal (né en 1956), sont aujourd’hui l’un des acteurs les plus importants de la scène politique palestinienne et régionale.
Jusque dans les années 1980, les objectifs des Frères musulmans sont essentiellement sociaux et religieux : il s’agit d’islamiser la société et les institutions. À l’inverse de l’OLP créée dans les années 1960, les Frères musulmans palestiniens préfèrent se concentrer sur la création des mosquées, des écoles, des universités, des colonies de vacances, etc. Mais les années 1980 voient des changements rapides : débordés par des groupes plus extrémistes comme le Djihad islamique, le Hamas publie en août 1988 sa Charte fondatrice : en 36 articles radicaux elle « défend une vision intégraliste de la Palestine : l’État d’Israël, création de l’impérialisme, n’a aucune légitimité. Aucune solution de compromis n’est acceptable, seul le djihad armé mettra une fin définitive à l’invasion sioniste » (Alain Dieckhoff).
De la radicalisation au changement possible
Les accords d’Oslo sont un moment essentiel pour le Hamas : refusant de participer aux élections qui mettent en place l’Autorité palestinienne sous la direction de Yasser Arafat, le Hamas lance une campagne d’attentats-suicides particulièrement meurtrière. L’échec d’Oslo (dont les attentats du Hamas sont l’une des causes), la seconde Intifada, et le soutien aux idées d’Oussama Ben Laden et d’Al-Qaïda – les images des jeunes Palestiniens du Hamas dansant pour fêter le 11 septembre 2001 ont fait le tour du monde – radicalisent le mouvement qui parvient à capitaliser une influence de plus en plus importante sur les décombres du processus de paix. Son accession au pouvoir à Gaza par les urnes en 2006 est à la fois le symbole de la réussite de sa radicalité terroriste…, mais aussi le début d’un changement possible du mouvement.
Une double politique contradictoire
Parvenu au pouvoir dans le réduit de Gaza, le Hamas mène une double politique contradictoire. D’un côté, il tente d’apparaître comme un acteur politique crédible : trêves avec Israël, négociations avec les frères ennemis du Fatah en Cisjordanie, organisation politique du fonctionnement de Gaza… De l’autre, le Hamas continue de jouer sur l’extrémisme politico-religieux. Les roquettes tirées sur Israël en 2008 et l’enlèvement du soldat israélien Gilad Shalit visaient à déclencher l’opération militaire de Tsahal « Plomb durci » en 2009 ; et Ismaël Haniyeh, le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, a été l’un des rares à se désoler officiellement de la mort de Ben Laden le 1er mai 2011.
Le Hamas continue à bénéficier d’une solide base sociale, ce qui lui permet de revenir régulièrement dans le jeu politique. Ainsi, l’accord politique avec le Fatah de Mahmoud Abbas, signé au Caire le 4 mai 2011, va dans le sens d’une plus grande implication politique : de la même façon que les Frères musulmans en Égypte s’apprêtent à participer aux élections de septembre 2011, le Hamas revient dans le jeu politique palestinien. n
«Le mouvement pour la paix» en Israël peut-il reprendre la main ?
Israël est une démocratie, et l’une des clés de la solution aux conflits entre Israéliens et Palestiniens est la capacité de la société israélienne à demeurer une société ouverte. Mais Israël est aussi une démocratie en guerre ; et l’on sait que la guerre enferme les sociétés sur elles-mêmes et les empêche progressivement de comprendre l’autre.
Or, depuis 2000, on assiste à une fermeture de plus en plus nette de la société israélienne. Politiquement, les gouvernements israéliens sont de plus en plus orientés à droite, et les dernières coalitions en date ont permis à l’extrême droite de parvenir à des postes clés du pouvoir, comme dans le cas du ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, leader du parti Yisrael Beitenu. Dans un discours en septembre 2010 devant les Nations unies, contredisant Benyamin Nétanyahou et Barack Obama, A. Lieberman avait renvoyé un possible accord avec les Palestiniens à plusieurs dizaines d’années.
Les « mouvements pour la paix », très influents en Israël, sont de plus en plus souvent pris à parti et sont au centre de tensions croissantes à l’intérieur de la société. Fin avril 2011, alors que plusieurs centaines d’intellectuels et d’artistes qui avaient signé une pétition contre la colonisation en Cisjordanie défilaient à Jérusalem, une contre-manifestation s’est opposée à cette marche en brandissant des pancartes où l’on pouvait lire « traîtres » ou « criminels ». Il n’est pas rare que manifestants et contre-manifestants s’affrontent sur la question de la colonisation, mais la violence de ces affrontements est nouvelle.
Surtout, les sondages d’opinion montrent une jeunesse israélienne de plus en plus fermée et de plus en plus sensible aux thèses ultranationalistes. Une étude publiée en mai 2011 par le Macro Center de Tel-Aviv montre que le soutien à l’idée qu’Israël doit être un État démocratique est passé de 26,1 % en 1998 à 14,3 % en 2010. Dans le même temps, l’idée qu’Israël doit vivre en paix avec ses voisins n’est plus soutenue que par 18,2 % des 15-24 ans, contre 28,4 % il y a douze ans. Commentant ces résultats, Roby Nathanson, le directeur général du Macro Center, déplore « qu’il n’y a plus d’attention concernant les valeurs démocratiques dans la jeunesse actuelle. La démocratie, ce n’est pas que voter tous les quatre ans. La démocratie, c’est aussi la tolérance et la capacité à prendre en compte les groupes minoritaires, les populations faibles et ceux qui sont différents de nous (1)».
NOTE
(1) Centre Macro, www.macro.org.il/english.html
Israël / Palestine : quelques chiffres
Israéliens et Palestiniens : Sortir enfin du conflit ?. Bibliographie
Atlas des Palestiniens .
Un peuple en quête d’État
Jean-Paul Chagnollaud et Sid-Ahmed Souiah, Autrement, 2001.
Le Conflit Israélo-arabe
Alain Dieckhoff, Armand Colin, 2011.
Géopolitique du Proche-Orient
Alexandre Defay, 5e éd., Puf, coll. « Que sais-je ? », 2011
Les 100 clés du Proche-Orient
Alain Gresh et Dominique Vidal, 3e éd., Hachette, 2011.
Israël peut-il survivre ?
La nouvelle règle du jeu
Michel Gurfinkel, Hugo & Cie, 2011.
A History of the Israeli-Palestinian Conflict
Mark Tessler, 2e éd., Indiana University Press, 2009.
Atlas géopolitique d’Israël .
Aspects d’une démocratie en guerre
Frédéric Encel, Autrement, 2008.
L’état d’Israël
Alain Dieckhoff (dir.), Fayard, 2008.
Les Emmurés .
La société israélienne dans l’impasse
Sylvain Cypel, La Découverte, 2005.
Guerre ou paix .
L’actualité des relations israélo-palestiniennes
Blog de Gilles Paris, http://israelpalestine.blog.lemonde.fr