De l'Antiquité au XVIIIe siècle. Le jeu : une activité futile
- Une vision négative de l'enfance
Dans la conception chrétienne, l'enfant est dépourvu de raison et démuni face au mal. Il doit être arraché à sa nature (passive) liée au péché originel. Pour saint Augustin, l'enfant est le lieu du mal et du péché.
Des humanistes à la philosophie des Lumières, l'enfant est conçu comme fragile et innocent. L'éducation doit donc être une rupture avec les manifestations spontanées de l'enfant. Pour René Descartes, « la principale cause de nos erreurs [tient dans] les préjugés de l'enfance. »
Pour John Locke, philosophe de l'empirisme, l'enfant est une « cire molle » qu'il faut conduire sur la voie de la raison.
-Deux conceptions du jeu (qui perdurent aujourd'hui) en découlent :
> Le jeu comme délassement ou récréation :
C'était déjà la conception d'Aristote, reprise par les Pères de l'Eglise : le jeu n'a pas de fin en lui. Il est conçu, par opposition au travail, comme une récréation nécessaire pour reconstituer ses forces, réemmagasiner l'énergie.
Saint Thomas d'Aquin : « Toute forme de travail se doit de requérir un contrepoint ludique. »
> Le jeu comme « ruse pédagogique »
Le jeu n'a pas de valeur éducative mais les études doivent prendre l'aspect du jeu pour intéresser l'enfant.
Quintilien, maître de rhétorique (Ier siècle apr. J.-C.), proposait déjà différentes techniques pour transformer l'apprentissage en amusement, comme, par exemple, des gâteaux en forme de lettres.
Pour Erasme (1469-1536), le jeu était un moyen pour séduire les jeunes enfants et les faire travailler.
J. Locke (1632-1704) préconisait de laisser à l'enfant le jeu et la récréation pour qu'il vienne au travail par plaisir.