L'âge d'or des corsaires

Les corsaires, à l’image de Surcouf, entretiennent la légende de la « course », forme de guerre navale qui vise à affaiblir l’ennemi en ruinant sa marine marchande. Au-delà du mythe, ces marins sont des militaires et des hommes d’affaires qui, à la différence des pirates, agissent avec l’assentiment de l’État.

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La « guerre de course » est une forme de guerre navale pratiquée par des gens de mer appelés « corsaires ». Substantif issu du latin cursus (« celui qui tente fortune sur la mer »), le corsaire est un marin civil autorisé par l’État à s’attaquer en temps de guerre aux navires ennemis, en particulier les bâtiments marchands.

Du point de vue économique, la course est utilisée essentiellement du XVIIe au XIXe siècle par les armateurs et la marine de la pêche et du commerce pour gagner leur vie lors des conflits qui les privent de leurs activités navales habituelles. Autorisés à combattre au nom de la puissance publique dans les circonstances particulières de la guerre, les corsaires espèrent ainsi s’enrichir en prenant des risques au service de leur pays, lequel a besoin d’eux en l’absence ou en complément de ses forces armées conventionnelles.

Sur le plan militaire, la « course » est une stratégie auxiliaire, une arme visant à ruiner l’activité marchande de l’ennemi pour l’affaiblir et contribuer à gagner des guerres devenues totales. Faute de moyens militaires, les pouvoirs publics encouragent cette activité légale, née de la piraterie. La course maritime privée française est réglementée par l’ordonnance sur l’amirauté, la piraterie et les prises maritimes du 7 décembre 1400 puis, essentiellement, par les titres IX et X du livre III de l’ordonnance de la marine d’août 1681 (la grande ordonnance de Colbert concernant tous les aspects de l’activité maritime civile). Alors que les forbans et les pirates sont des « bandits », des hors-la-loi, les corsaires agissent dans le cadre de conventions internationales qui leur confèrent la qualité de combattants réguliers bénéficiant d’un statut légal.

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Les navires corsaires à l'affût du butin

Trois types de navires corsaires correspondent à trois sortes de courses. La course de proximité, d’une journée à quelques jours, ne nécessite que des petits bâtiments rapides, « surtoilés » sur un ou deux mâts, marchant aussi à l’aviron. Longs d’une vingtaine de mètres, ces cotres, lougres ou bricks sont armés de pierriers 1 et, pour les plus grands d’entre eux, de quelques canons légers. Pour un investissement réduit, les armateurs locaux de ces petits prédateurs n’espèrent que des proies modestes capturées dans un rayon d’action restreint. Face à un navire de guerre, ils n’ont de salut que dans la fuite, à moins de vendre chèrement leur peau.