Depuis longtemps, les grandes entreprises ont disposé de leurs propres écoles d’apprentissage où se pratiquait une alternance entre salles de classe et ateliers. Un apprentissage sur le tas s’effectuait aussi dans l’artisanat. Au fil des différentes réformes, ce système de compagnonnage reposant sur la formation d’un élève par un maître a évolué (encadré). Encadrée par l’Éducation nationale, la voie par l’apprentissage est désormais reconnue au même titre que la voie traditionnelle. Elle repose sur une alternance entre un temps de formation théorique en centre de formation des apprentis (CFA) et un temps de formation pratique chez un employeur auprès duquel l’apprenti a signé un contrat de travail (encadré).
Les élèves français qui sortent du collège et qui ont au moins 15 ans, peuvent choisir entre la voie générale et technique et la voie professionnelle. S’ils optent pour la voie professionnelle, ils peuvent passer leur CAP (en 2 ans) ou leur bac professionnel (en 3 ans). S’ils optent pour la voie générale, ils peuvent aussi poursuivre une partie ou la totalité de leurs études postbac en alternance. La filière professionnelle reste associée dans les représentations à une voie de seconde zone réservée aux élèves en échec scolaire. Pourtant, le développement de l’alternance pour les diplômes du supérieur, à l’université comme dans les grandes écoles, est fortement encouragé cette dernière décennie, tant par le patronat que par les divers gouvernements successifs.
L’argument est répété à l’envi : l’apprentissage garantirait une meilleure insertion professionnelle et préparerait davantage aux enjeux du monde du travail. Pour ses laudateurs, l’apprentissage permet ainsi une meilleure articulation entre savoirs théoriques et savoirs pratiques. Les besoins en formation remontés par les acteurs économiques du territoire sont pris en charge par les branches professionnelles qui financent les contrats d’apprentissage. Avec la crise du Covid, les acteurs publics ont plus que jamais encouragé cette solution en débloquant des aides exceptionnelles versées aux entreprises embauchant un apprenti. Ce soutien financier s’est traduit par un nombre record de plus de 500 000 contrats d’apprentissage signés en 2020, soit une augmentation de plus de 40 % par rapport à l’année précédente 1. Avec à la clé un effet d’aubaine pour un certain nombre d’acteurs : « Il est certain que des entreprises se sont tournées vers un contrat d’apprentissage plutôt qu’un autre type de contrat pour toucher des aides, reconnaît Roselyne Hubert, directrice de la Fnadir (Fédération nationale des directeurs de centres de formation d'apprentis). Mais ça a aussi contribué à faire connaître l’apprentissage à des entreprises et elles y reviennent. » On estime aujourd’hui que 3,5 % des entreprises françaises accueillent des jeunes en apprentissage, essentiellement dans le secteur des services.
Trois lois principales
• La loi sur l'apprentissage de 1971
Elle forme le socle de notre modèle actuel. C’est depuis lors à l’institution scolaire de fixer le cadre des apprentissages et des compétences à acquérir.
• La loi Séguin de 1987
Véritable révolution, elle ouvre la voie de l’apprentissage jusqu’alors réservée principalement au CAP à l’ensemble de la filière d’apprentissage : BEP, bac professionnel (créé en 1985), mais aussi bac technologique, BTS, DUT, voire master ou diplôme d’ingénieur.
• La loi Avenir professionnel de 2018
Elle a retiré la compétence de la gestion et du financement des formations aux régions au profit de France compétences, un organisme placé à l’échelon national. Désormais, ce sont les branches professionnelles qui financent les formations qu’elles jugent prioritaires. La réforme s’est aussi traduite par une diversification de l’offre de formation et du nombre de CFA, ces derniers pouvant être publics, privés, consulaires, de branches ou d’entreprises.
Cette libéralisation rend parfois plus complexe le choix pour les jeunes en quête d’une formation.