L'art de gouverner ses esclaves

L’art de gouverner 
ses esclaves 
, Marcus Sidonius Falx (avec Jerry Toner), Puf, 2015, 253 p., 19 €.

Ne cherchez pas Marcus Sidonius Falx dans quelque répertoire des auteurs latins. Quoiqu’on le dise romain et de bonne famille, c’est un imposteur, né de l’esprit facétieux de Jerry Toner, directeur d’études au Churchill College de Cambridge. M.S. Falx n’a pas rédigé ce manuel, mais J. Toner, lui, est un bon connaisseur des sources latines. L’Art de gouverner ses esclaves est une « lettre persane » de par-delà les siècles, d’autant plus fine qu’elle ne dit rien qui soit faux, mais rien non plus qu’un Romain ait signé de sa main. Laissons donc M.S. Falx à ses lares, et suivons J. Toner dans son éthique de l’esclavage teintée, est-il précisé, de stoïcisme. Premier problème : des esclaves, où s’en procurer ? J. Toner donne des adresses authentiques, et des conseils : vérifier que le marchand ne cache pas quelque tare, s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un homme libre capturé par un pirate, préférer les garçons égyptiens, pour les filles, les Bataves, et surtout, payer le juste prix. Deuxième problème : comment les gouverner ? Les esclaves étant des choses, il convient de les faire travailler à sa guise, de les châtier s’ils désobéissent, mais sans excès ni colère. Il est bon de les laisser participer aux fêtes, s’unir entre eux et se reproduire, mais aussi de bien peser le pour et le contre : élever un enfant d’esclave peut être plus coûteux que d’en acheter un déjà utile. Obtenir leur reconnaissance et leur faire miroiter une libération présentent des avantages pour le maître car « un esclave content est un esclave productif ». Etc.