L'écologie, une idée de gauche ?

« L’écologie n’appartient pas au patrimoine idéologique de la gauche » : c’est ce qu’affirme l’historien Philippe Buton, qui revient dans la Revue française d’histoire des idées politiques sur les rapports compliqués que la gauche française a longtemps entretenus avec la question écologique.

Si la thématique écologique apparaît au sein de la gauche dans les années 1960, elle suscite en effet d’abord nombre de réticences. P. Buton souligne ainsi la crispation communiste à l’égard de l’écologie : cette hostilité fut incarnée par Georges Marchais qui, dans les années 1970, voyait dans le thème de l’excès de croissance « un complot de la droite et de la social-démocratie européenne pour s’opposer aux revendications des travailleurs ». La même hostilité se retrouvait alors chez les trotskistes et les maoïstes. Au même moment, quelques groupes trotskistes et anarchistes intègrent des éléments du discours écologiste, même si « leur engagement dans ce combat demeure faible », signale P. Buton.

Le Parti socialiste et quelques groupes d’extrême gauche s’ouvrirent plus précocement à cette préoccupation : à partir des années 1970, les expressions « cadre de vie » et « environnement » apparaissent dans les discours et les motions. Il reste que cette rencontre entre la gauche et l’écologie dans l’ère post-68 fut « tardive et heurtée », selon l’historien, ce qui s’expliquerait par la puissance de la tradition marxiste en France.


Philippe Buton, « La gauche et la question écologique », Revue française d’histoire des idées politiques, n° 44, 2016/2.