L'ennui

L’ennui
. Histoire d’un état d’âme (XIXe-XXe siècle)
. Pascale Goetschel, Christophe Granger, Nathalie Richard et Sylvain Venayre (dir.)
, La Sorbonne, 2012, 320 p., 25 €.

« Je hais les dimanches ! » Pourquoi s’ennuie-t-on plus ce jour-là ? Selon Robert Beck, la loi de 1906 sur le repos dominical en serait la cause principale. L’inactivité, le repos mais aussi l’obligation de bonheur liée à cette journée peuvent engendrer un sentiment de vide et d’attente déçue. L’ennui peut aussi se manifester là où on ne l’attend pas, lors d’expéditions scientifiques par exemple, expéditions qui, dans l’imaginaire collectif, devraient plutôt évoquer l’aventure. L’objet de ce recueil est de montrer que l’ennui a une histoire, qu’on ne le ressent pas de la même façon selon les époques, les milieux et les lieux. L’ouvrage réunit les interventions d’un colloque qui s’est tenu fin 2007 à la Sorbonne. Il s’ouvre sur différentes manifestations de l’ennui dans les champs de la philosophie, de la médecine, de la psychologie et de la littérature : neurasthénie, malaise d’une génération postrévolutionnaire ou posture esthétique. Il se clôt sur une sélection de « cadres modernes de l’expérience ennuyeuse » comme les gares, les cités, l’usine, une gendarmerie ou bien encore le bureau d’un cadre d’entreprise. Au-delà de la description des différentes qualités d’ennui, les auteurs traitent aussi des stratégies mises en œuvres pour l’éviter : sorties de l’ennui par la débauche ou la violence, par l’écriture, par la création mais aussi bien par le mariage ou, aujourd’hui, le coaching. On retiendra que, malgré sa variabilité extrême, le sentiment de la permanence de l’ennui semble se moquer des lieux, des moments et des niveaux sociaux, tant il se manifeste partout avec force.