L'Europe de Maastricht au Brexit

Les progrès de l’extension européenne depuis trente ans, et notamment la naissance de l’euro, ont été suivis d’une série de crises économiques et politiques qui mettent en question l’unité de l’UE.

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Le 14 décembre 1990, les douze membres de ce qui était encore la Communauté européenne (CE) entamaient à Rome deux conférences intergouvernementales sur l’union économique, monétaire et politique du continent. Trente ans plus tard, la zone euro, la Banque centrale européenne ou l’espace Schengen sont autant de réalités structurant une Union européenne (UE) depuis largement élargie. Cet avancement ne s’est pourtant pas fait sans heurts entre des visions parfois antinomiques. Et les dernières années, marquées notamment par le départ du Royaume-Uni, ont plutôt installé l’idée d’un recul de la construction. À tel point que l’historien Sylvain Kahn s’interrogeait en 2019 sur la possibilité que l’Europe soit entrée « dans un processus de déconstruction européenne ou, pour le dire autrement, de désunion européenne 1 ».

De l’élargissement au Brexit

Dès les discussions de 1990, plusieurs visions s’affrontent. D’un côté, l’Europe est comprise comme l’addition d’intérêts étatiques et de préférences nationales, par exemple chez les Britanniques, qui n’intègrent pas la zone euro. Pour d’autres, les fédéralistes, l’idée est davantage de construire une unité politique supranationale. Néanmoins, la construction de la maison Europe progresse malgré quelques signaux d’alarme, comme l’adoption d’extrême justesse par référendum en France en 1992 (51 % de « oui » seulement) du traité de Maastricht, issu des discussions ouvertes en 1990. Entré en vigueur le 1er janvier 1993, ce texte acte la naissance de l’UE et le passage à la monnaie unique de onze pays en 1999, devenu réalité pour le grand public en 2002 avec l’arrivée des pièces et billets libellés en euros.