L'hétérosexualité a-t-elle toujours été la norme ?

Le 19e siècle est marqué par l’émergence de deux nouvelles notions : « homosexualité » et son corollaire « hétérosexualité ». Auparavant, les normes n’étaient pas pensées en termes d’orientation sexuelle.

Quelles que soient la période de l’histoire ou l’aire géographique étudiées, des traces de pratiques hétérosexuelles et homosexuelles ont toujours été recensées. Ces pratiques ont peu varié au cours des siècles. Ce qui a évolué, en revanche, ce sont les représentations que les sociétés s’en sont faites. En effet, les catégories qui permettaient de penser la sexualité ont changé au cours de l’histoire. Ce n’est que très tardivement, au 19e siècle, qu’émergent les notions « d’homosexualité » et « d’hétérosexualité ».

Actif ou passif ?

Dans la Grèce ancienne, un homme pouvait avoir des rapports successifs avec un(e) esclave, un(e) prostitué(e), un jeune homme (dans l’aristocratie grecque, la pédérastie inclut une initiation sexuelle) et son épouse. La pratique homosexuelle paraissait tout aussi normale que l’acte hétérosexuel. Cela n’empêchait pas la sexualité de subir « un système très dur de contraintes et d’inégalités ». On retrouve le même phénomène dans la Rome étudiée par l’historien Paul Veyne. La morale sexuelle y est très stricte, mais ce qu’elle définissait comme transgressif ne doit rien à une quelconque orientation sexuelle et tout aux hiérarchies sociales. Un homme de rang ne peut être passif avec un homme ou une femme de condition inférieure. Les Romains condamnaient fermement les relations sexuelles qui inversaient, ne fût-ce que le temps d’une partie de plaisir, l’ordre social. Ainsi, à Rome, recevoir une fellation est considéré comme une pratique déshonorante pour un homme de rang, car elle suppose une passivité. En revanche, cette pratique est acceptée pour les vieillards.