Partir « faire de l’humanitaire » n’est pas une nouveauté. De grandes ONG comme Médecins du monde ou Amnesty International recrutent sans cesse des professionnels envoyés aux quatre coins du monde pour intervenir en cas d’urgence ou pour des aides à long terme. Il existe également un humanitaire moins professionnel, qui n’exige pas de compétences particulières ; c’est par exemple le cas de l’association de mère Teresa étudiée par Xavier Zunigo 1, au sein de laquelle peuvent intervenir des bénévoles non qualifiés pour des durées variées.
Mais il existe aujourd’hui un nouveau type d’acteur dans le secteur de l’humanitaire : des entreprises qui se donnent pour mission de rendre l’humanitaire accessible à tous. À l’instar des agences de voyages, elles vendent des séjours à travers le monde à une clientèle de tout âge sans aucun prérequis ; même les personnes mineures, accompagnées ou non par un adulte selon les organismes, peuvent en bénéficier. Les seules conditions pour partir en mission humanitaire avec ces agences sont la motivation et… l’argent.
Les volontaires européens de Volunteering Overseas devront ainsi s’affranchir d’environ 2 000 eurospour pouvoir vivre l’expérience humanitaire. Cet organisme anglo-saxon international fait partir plus de 9 000 volontaires par an, majoritairement occidentaux, dans 28 destinations à travers le monde. Le prix, qui ne comprend par le billet d’avion, surprend plus d’un client. « Je prévoyais de partir au Ghana, mais j’hésite maintenant à y aller : c’est cher, surtout pour faire de l’humanitaire… C’est comme le prix d’un séjour touristique organisé, en fait », remarque Lisa, 20 ans, rencontrée aux journées d’informations organisées par le bureau français de Volunteering Overseas 2. Au fur et à mesure qu’ils récoltent des informations sur Volunteering Overseas, qui se présente comme un « organisme » et qualifie ses clients de « volontaires », les intéressés comprennent qu’il ne s’agit pas d’une ONG ni d’une association, mais bien d’une agence de voyages. Cela suscite des réticences chez certains, pour lesquels payer pour faire de l’humanitaire est paradoxal : « C’est étrange, déjà on va apporter une aide bénévole là-bas, et en plus tout est à nos frais… », s’étonne Catherine, dont le fils Simon, 18 ans, souhaite partir au Cambodge.
CHIFFRES
1,6 million de personnes participent chaque année à des voyages humanitaires.
1 700 à 2 000 euros : c’est ce qu’il faut débourser en moyenne, transport non compris, pour deux semaines de volontariat dans un pays en voie de développement via un organisme comme Volunteering Overseas.