L'inclusion scolaire, bonne ou mauvaise idée ?

Si l’objectif d’intégrer des enfants autistes à l’école n’est pas remis en question, les méthodes et dispositifs créés depuis quinze ans ne sont pas toujours adaptés à la spécificité de l’autisme.

C’est une mutation parfois comparée à l’avènement du collège unique : à la rentrée 2018, 340 000 élèves handicapés ont été accueillis à l’école, soit près de trois fois plus qu’en 2004. Tout a commencé avec la loi du 11 février 2005. Pour la première fois, les enfants porteurs de handicap se voyaient reconnaître un droit à la scolarisation. Le dernier rapport de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) salue à cet égard une augmentation significative, dans toutes les classes d’âge, du nombre d’élèves handicapés scolarisés, et de leur taux d’accueil en milieu ordinaire – passant de 63 % à 83 % entre 2004 et 2018. En 2013, une nouvelle étape est franchie avec la loi pour la refondation de l’école, qui entérinait le droit d’être accueilli en classe ordinaire pour tous les enfants. En promouvant la diversité dès le plus jeune âge, cette mesure symbolique entendait planter les graines d’une société dite « inclusive », où chacun aurait sa place et pourrait développer son potentiel 1. En 2019 enfin, avec la loi pour une école de la confiance, le concept d’inclusion scolaire laisse place à celui d’« école inclusive ». Ce changement terminologique n’a rien d’anodin : il s’agit pour l’institution scolaire de reconnaître qu’une présence en classe ne suffit pas à faire de chaque enfant handicapé un élève à part entière.

Pour autant, ces chiffres masquent d’importantes disparités entre les handicaps 2. La situation des élèves avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA) est emblématique de ces inégalités, comme l’a montré le rapport d’évaluation du 3e plan autisme en 2017 3. Les élèves avec TSA sont deux fois plus nombreux que les autres élèves en situation de handicap à suivre une scolarité à temps partiel – les durées hebdomadaires de scolarisation ne dépassant parfois pas la demi-journée. À l’âge de 6 ans, 14 % d’entre eux sont orientés vers le secteur médico-social, contre moitié moins pour les autres handicaps. L’écart se creuse encore avec l’âge : à 12 ans, 82 % des jeunes avec TSA ont déjà redoublé, contre 77 % pour les autres handicaps. À 16 ans, ils ne sont plus que 30 % à pouvoir bénéficier d’une scolarisation en classe ordinaire, soit le taux le plus bas de tous les handicaps.