L'« union sucrée » de la vie intellectuelle française

Une « pensée tiède », ainsi Perry Anderson, historien anglais, qualifie-t-il la vie intellectuelle française aujourd'hui. Comment la culture française en est-elle arrivée là ?

Le « salonnard » Luc Ferry, ce « grand nigaud » de BHL, ce « Baudelaire de supermarchés » de Houellebecq, le kitsch ultrahollywoodien d'Amélie Poulain, le conformisme et le provincialisme du quotidien Le Monde... Ils sont nombreux à passer à la moulinette du « regard critique sur la culture française » auquel se livre l'historien anglais Perry Anderson, dans un petit essai publié au Seuil, La Pensée tiède !

Comment la culture française, « concentré explosif d'idées » dans les années 1960, a-t-elle pu plonger dans une telle médiocrité ? La faute en reviendrait à une grande peur qui se serait installée chez les intellectuels aux lendemains de 1968, renforcée par une victoire bientôt annoncée de la gauche socialo-communiste. Tout un ralliement à l'ordre établi, une sorte d'« union sucrée », aurait eu pour effet de stériliser la vie intellectuelle française. Tout ceci avec l'hégémonie montante de revues d'idées telles que Commentaire (fondée par Raymond Aron), Esprit (après 1976) et surtout Le Débat, orchestrée par son fondateur Pierre Nora et aujourd'hui par Marcel Gauchet.