La dictature délibérative chinoise

La Chine doit-elle avancer vers la démocratie ou inventer un nouvel autoritarisme,
la dictature délibérative? Le débat partage les intellectuels chinois, sous l’œil intéressé du régime qui entend bien assurer sa pérennité.

En Chine, penser la démocratie, voire l’expérimenter, n’est pas tabou… tant que cela ne remet pas en cause le monopole du Parti. Depuis plusieurs années, un débat partage les intellectuels entre les tenants d’une dictature délibérative et ceux d’une démocratie « incrémentielle ». Les premiers, Pan Wei, Fang Shaoguang et Fang Ning, prônent un renforcement du règne de la loi et la consultation de la population sur les grandes décisions. Ils ont un formidable laboratoire vivant pour appliquer leurs idées, la ville de Chongking, 30 millions d’habitants soit plus que 22 des 27 États de l’Union européenne, souligne Mark Leonard, directeur exécutif du Conseil européen des relations extérieures (1). À Chongking, pour chaque décision importante, la mairie organise des auditions publiques par le biais de la télévision et d’Internet. Plus de 600 ont eu lieu, impliquant 100 000 citoyens, sur les dédommagements des paysans expropriés de leur terre, le niveau de salaire minimum ou la fixation des tarifs des services publics comme l’éducation, la santé, l’électricité, etc. L’expérience est désormais reprise dans plusieurs villes.

(1) Mark Leonard, , Plon 2008.