L’Iran est bien moins islamiste que l’Arabie Saoudite, qui envoie ses prédicateurs en Occident. Mais, pour Washington, qui fut cible de l’islamisme, le premier est un ennemi, le second est un allié… Et ce n’est qu’un cas parmi nombre d’autres convoqués par l’auteur à l’appui de la thèse qui court au long de l’ouvrage : l’ennemi est un choix politique délibéré. Il n’y est pas question de la guerre, mais de la construction de l’hostilité, tâche dévolue à de nombreux acteurs réputés pour leur sérieux : experts en stratégie, services secrets, think tanks, médias et autres faiseurs d’opinion. Pour cela, tous les coups sont permis, de la stigmatisation culturelle (type « péril jaune ») au mensonge militaire éhonté en passant par une large gamme d’accusations invérifiables : l’ennemi « hait la liberté », « méprise la démocratie », est un « impérialiste » ou un « colonialiste dans l’âme ».
La fabrication de l'ennemi
La fabrication de l’ennemi .Comment tuer avec sa conscience pour soi. Pierre Conesa, Robert Laffont, 2011, 364 p., 21 €.