Comment définissez-vous la fatigue ?
Comme le dictionnaire, c’est-à-dire comme l’impossibilité de poursuivre un effort entamé. Une action est engagée, mais ne peut être menée plus loin malgré notre volonté. Cette définition englobe une notion, primordiale, de subjectivité, chacun réagissant différemment en fonction de la situation, de son histoire personnelle, ou encore de son état physiologique. La vanité des efforts nous entraîne du côté de la démotivation et de l’impuissance, en tout cas pour ce qui relève de la « mauvaise fatigue ». Tandis qu’une « bonne fatigue », qu’on trouve dans le sport par exemple, peut correspondre à un plaisir immense.
Quelles sont les causes principales de cette « mauvaise fatigue » ?
Pour être vulgaire, c’est souvent le sentiment de ras-le-bol, d’« aquoibonisme » comme disait Gainsbourg, lié à une tâche imposée de l’extérieur, dont on ne perçoit pas le sens ni l’utilité. D’où un vrai problème de motivation intrinsèque, alors que le psychisme se concentre sur les mauvais côtés de la tâche, avec une lutte permanente pour parvenir au résultat visé, en un effort vain et déplaisant. La fatigue est la marque d’un conflit intrapsychique sur fond d’absurdité.
La fatigue peut se ressentir à différents niveaux : physiologie, cognitif, émotionnel… Quel domaine vous semble le plus important ?
La fatigue physique se trouve souvent à la base de tout. Le premier conseil que je donne aux gens fatigués, c’est donc de mieux veiller à leur hygiène corporelle : se rafraîchir avant de dormir pendant une période de chaleur, ne pas faire de sport trop tard en soirée, fuir la lumière bleue des écrans en fin de journée… Défatigué, le corps nous aide à mieux affronter la fatigue psychique, cognitive ou émotionnelle. C’est un prérequis.