La fin de l'Histoire. Francis Fukuyama, 1989

La fin de l'histoire et le dernier homme. 1992, rééd. Flammarion, coll. «Champs», 2009

La démocratie libérale serait le modèle abouti des sociétés contemporaines. Avec la chute des régimes communistes, Francis Fukuyama dessinait l’entrée dans un monde pacifié issu de la modernité occidentale…

Pendant l’été 1989, le politologue américain Francis Fukuyama (enseignant à la Johns Hopkins University à Washington) publie, dans la revue de la droite conservatrice américaine The National Interest, un court article de quinze pages intitulé « The End of History ? » – avec un point d’interrogation. Cet article reprend la thèse d’une conférence prononcée quelques semaines plus tôt devant le Olin Center de l’université de Chicago. A un moment où le mur de Berlin n’est pas encore tombé – et où de nombreux spécialistes imaginent impossible la fin du communisme même à un horizon de plusieurs dizaines d’années ! – F. Fukuyama affirme que la démocratie libérale pourrait bien constituer « le point final de l’évolution idéologique de l’humanité » et « la forme finale de tout gouvernement humain ».

Non que les démocraties stables d’aujourd’hui – comme la France, les Etats-Unis ou la Suisse – ne connaissent ni injustices ni graves problèmes sociaux « mais ces problèmes (viennent) de la réalisation incomplète des deux principes de liberté et d’égalité (…), plutôt que de ces principes eux-mêmes ». Certains pays modernes peuvent bien échouer dans l’établissement d’une démocratie libérale et d’autres retomber dans des formes plus primitives de gouvernement comme la théocratie ou la dictature militaire, pour F. Fukuyama, l’idéal de la démocratie libérale ne peut pas être amélioré sur le plan des principes.

La chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, la radicalisation du régime communiste chinois incapable de prendre en charge les demandes de démocratisation de sa population (la révolution étudiante chinoise est écrasée place Tian’anmen à Pékin dans la nuit du 3 au 4 juin 2009), la vague des passages à la démocratie en Amérique du Sud, les « révolutions de velours » en Pologne, en Hongrie et en Tchécoslovaquie bien sûr…, tout cela concourt à valider la thèse de F. Fukuyama. La fin de l’URSS le 25 décembre 1991, avec la démission de Michael Gorbatchev, marque alors l’entrée dans un « nouvel ordre mondial » : celui d’une extension tendancielle de la démocratie libérale à l’ensemble de la planète.