La fin du libre-échange a-t-elle sonné ?

Le coup de frein aux échanges commerciaux depuis la crise ne signe pas un repli global du commerce mondial. Elle succède simplement à une ère de croissance exceptionnelle pour revenir à un rythme de croissance plus normal.

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L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, au terme d’une campagne marquée par un ton protectionniste, a couronné une forte contestation politique de la mondialisation commerciale. Cette élection arrivait en effet quelques semaines seulement après les âpres polémiques suscitées par la signature de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (CETA), et quelques mois après le vote du Brexit. Dans un climat politique international marqué par le retour en force du souverainisme, il est tentant d’y voir un tournant historique. D’autant que le dynamisme du commerce mondial lui-même n’est déjà plus ce qu’il était. Depuis la fin des soubresauts directement liés à la crise, la croissance des échanges mondiaux est du même ordre voire inférieure à celle des revenus (mesurés par le PIB), alors qu’elle était en moyenne deux fois plus rapide au cours des quinze années qui ont précédé la crise financière de 2008-2009. Depuis deux ans, on assiste même à une stagnation des exportations mondiales en volume. Alors, faut-il y voir la fin de la mondialisation, ou à tout le moins de l’ouverture aux échanges ?

Retour à la normale

Ce serait aller vite en besogne, d’abord parce que le lien entre les deux phénomènes, économique et politique, n’est pas évident. Si certains indicateurs font état d’une progression des mesures protectionnistes après la crise, son ampleur est restée limitée en pratique. Les principales raisons du ralentissement commercial sont plutôt à chercher, outre l’effet mécanique de l’atonie de la demande et de l’investissement, dans deux facteurs. Le premier est le rééquilibrage de l’économie chinoise vers son marché intérieur. Le second est l’atténuation de la dynamique d’approfondissement de la spécialisation commerciale internationale (on parle souvent de chaînes mondiales de valeur ou global value chains).