Au moment où il installe à Vienne un cabinet de médecin des maladies nerveuses, le jeune Sigmund Freud fait deux séjours pour suivre, en 1885-1886, les leçons du neurologue Jean Martin Charcot (1825-1893) à l’hôpital parisien de la Salpêtrière, puis, plus brièvement, en juillet 1889, pour suivre celles d’Hippolyte Bernheim (1840-1919), professeur de clinique médicale à Nancy. La France joue alors un rôle prépondérant dans le domaine des recherches sur l’hystérie et l’hypnose.
À l’école de Charcot et Bernheim
Charcot regroupe autour de lui une école, et ses leçons attirent et fascinent beaucoup d’étrangers, dont Freud. Le maître parisien croit avoir identifié une nouvelle névrose, la grande hystérie ou hystéro-épilepsie, qui se caractériserait par des symptômes constants et universels. Les hystériques présenteraient des pathologies nerveuses spécifiques, telles que le « grand hypnotisme ». Cependant, dès 1884, Bernheim montre que les symptômes « neurologiques » de la Salpêtrière sont en réalité des phénomènes de culture, et que l’on n’observe de grande hystérie et de grand hypnotisme… qu’à la Salpêtrière. Pour rendre compte de l’hypnose, il met l’accent sur un mécanisme psychologique très général, qui n’est pas pathologique et dont il donne une définition à double détente : la suggestion renvoie à l’influence du psychique sur l’organique, et à celle d’un esprit sur un autre esprit. Le médecin suggère par de simples paroles la disparition des symptômes à ses patients hypnotisés ou en état de veille. Bernheim accrédite et popularise en Europe aux alentours de 1890 le terme de psychothérapie.