« L’hiver approche. » Cette phrase emblématique de la série Game of Thrones est peut-être l’élément central de l’essai de Dominique Moïsi. Elle résume toutes les peurs qui s’emparent des hommes lorsque l’obscurité s’abat sur le monde. Dans ce cas précis, il s’agit de « notre mélange de fascination et de peur à l’égard du système international chaotique qui est le nôtre aujourd’hui ». L’auteur retient cinq séries porteuses d’une peur particulière. Game of Thrones bien sûr, mais aussi la peur de la fin de la démocratie avec House of Cards, la crainte du terrorisme avec Homeland, celle de la menace russe avec Occupied récemment diffusé sur Arte, et la peur d’un monde qui disparaît avec Downton Abbey. C’est sans doute avec cette dernière que l’on observe le mieux les limites de l’exercice. D. Moïsi tire à lui les éléments qui servent son propos, avec cette série qui raconte, en suivant la vie d’une famille d’aristocrates anglais, la recomposition du monde après la Grande Guerre. L’auteur y voit la peur de la perte d’un ordre ancien en négligeant les personnages qui espèrent et s’engagent dans l’ordre nouveau.
La géopolitique des séries
La géopolitique des séries. Ou le triomphe de la peur, Dominique Moïsi, Stock, 2016, 196 p., 18 €.