Pendant longtemps, les historiens ont jugé que la guerre – vue de près – était une question de technologie, de savoir-faire stratégique et tactique, bref une affaire essentiellement technique. Vue de plus loin, la guerre pouvait aussi s’inscrire dans des dynamiques plus longues, appariant des institutions, des régimes politiques, voire des organisations sociales avec la pratique plus ou moins développée et fréquente des hostilités militaires. Mais ces quinze dernières années ont vu naître une question nouvelle, en bonne partie inspirée par la mémoire encore proche des deux grandes guerres mondiales. Et si la guerre, loin de n’être qu’un état de choses, était un fait de culture ? Question vague, il est vrai, mais qui a l’avantage d’ouvrir la porte à des perspectives croisées. On peut aussi bien envisager la guerre comme le lieu où s’élabore une culture (comme la « brutalisation » induite par la Grande Guerre) que celui où s’exprime un aspect d’une culture qui lui préexiste, voire comme un objet culturel qui se transmet par la mémoire, et entre dans le répertoire d’un peuple. Dans un cas comme dans l’autre, les acteurs de la guerre se voient replacés dans un contexte singulier, et non traités comme les jouets d’une mécanique universelle.
La guerre, une affaire de culture ?
Warfare and culture in world history . Wayne E. Lee (dir.), New York University Press, 2011, 275 p., 15,50 € env.