La moyennisation de l'humanité

Une part significative de la population mondiale s’extirpe 
de la pauvreté. Ces classes moyennes émergentes sont appelées à jouer un rôle de plus en plus important.

Depuis une vingtaine d’années, de nombreux pays pauvres ont connu grâce à la mondialisation une croissance économique soutenue. Mais c’est seulement depuis peu qu’économistes et démographes perçoivent, dans des contextes très différents, les premiers signes d’émergence de catégories sociales qui, sans appartenir aux élites nationales, parviennent à échapper à la misère. L’étiquette de « classes moyennes émergentes » qu’on leur a apposée peut sembler inappropriée : nombre d’individus qui les composent ne s’y reconnaîtraient sans doute pas, ne serait-ce que parce que la catégorie « classe moyenne » est loin d’être universelle. De plus, ces groupes sont loin de tous connaître le même destin, et encore plus loin d’acquérir une « conscience de classe ». Il semble néanmoins incontestable qu’un mouvement de « moyennisation du monde » est lancé.

Définissant les classes moyennes dans un intervalle de revenus qui va de 10 à 100 dollars de pouvoir d’achat quotidien par tête, l’OCDE recense, pour 2009, un peu plus de 1,8 milliard de personnes au sein de la « classe moyenne mondiale ». La moitié des personnes comptées dans cette classe, soit environ 1 milliard d’individus, vivent dans des économies émergentes à forte croissance. Cette catégorie représentait 27 % de la population mondiale en 2009.