Ce livre retrace la façon dont la musique folk américaine a été constituée comme catégorie, non seulement dans un but de collecte savante, mais aussi à titre de marqueur de l’identité nationale américaine. La « musique du peuple » a été définie par des experts (musiciens, universitaires, producteurs de disques) qui s’inspiraient des études européennes de folklore du 19e siècle. À la recherche d’une essence de la culture américaine, certains compositeurs savants s’étaient, dans les années 1890, déjà penchés sur des musiques populaires rurales : c’est le cas d’Antonin Dvorak, inspiré par la supposée naturalité des « mélodies nègres », et d’Edward MacDowell, qui trouvait dans les airs amérindiens des signes de la « ténacité d’esprit américaine ». À leur suite, des anthropologues comme Alice Fletcher travaillent avec la Smithonian Institution et recueillent des mélodies amérindiennes, sans en comprendre complètement les règles de construction. Enfin, certains lettrés s’intéressent aux ballades d’origine britannique, alors que d’autres enquêtent sur la musique des petits fermiers blancs des Appalaches, considérés comme arriérés mais dépositaires d’une musique ancestrale.