La preuve par la vidéo

En banalisant les images plus que tous les autres médias, la vidéo s’est octroyé un pouvoir immense. Avec les progrès de la technique, ses usages se multiplient, notamment pour sa valeur de preuve.

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« On ne peut plus imaginer le football sans l’assistance vidéo à l’arbitrage. » Pour la coupe du monde 2018, Gianni Infantino, président de la Fédération internationale de football (Fifa), tenait à proposer aux arbitres l’aide des caméras de télévision. L’objectif de ce dispositif, de plus en plus utilisé dans le sport, est clair : réduire les erreurs d’appréciation, voire les éliminer. La VAR (« Video Assistant Referee », assistance vidéo à l’arbitrage) peut en effet améliorer la prise de décision, en montrant à l’homme en noir des images qui aurait pu lui échapper. Une corde de plus à son arc pour obtenir des preuves objectives avant de juger. Mais selon Jacques Blociszewski, spécialiste des relations entre sport et médias, l’œil des caméras n’est pas meilleur que celui de l’arbitre : « L’image ralentie déforme le réel. Le geste sportif n’est pas une succession d’images saccadées, c’est un geste continu. » Avec la dernière Coupe du monde, le football a pourtant amorcé un changement qui semble inéluctable. Car les images vidéo occupent le devant de la scène, dans le sport comme partout.

Le pouvoir de la diffusion

C’est la télévision qui introduit la vidéo dans notre quotidien. En 1964, la speakerine de l’ORTF s’invite dans les chaumières, s’adresse au téléspectateur les yeux dans les yeux. Le plateau devient une extension du salon. Fin du spectacle : au musée ou au cinéma, nous étions devant l’image ; avec la vidéo nous sommes dedans. La multiplication des directs bouleverse notre rapport au réel. Les distances sont abolies, le temps se plie à volonté.