Début 2022, le déclenchement de la guerre en Ukraine a entraîné des tensions exacerbées opposant la Russie à l’Union européenne et l’Otan. Dans ce contexte, la question de l’extension des terres agricoles en Sibérie pourrait paraître obsolète. Mais les soubresauts géopolitiques à venir sont impossibles à anticiper. Et le dégel du pergélisol (sol gelé en permanence) sur de vastes étendues sous l’effet du changement climatique aiguise de nouveaux appétits.
D’un point de vue agronomique, dans le Sud de la Sibérie, le réchauffement climatique offrirait la possibilité d’élargir le nombre d’espèces végétales cultivables. Les forts écarts climatiques d’une année à l’autre ne permettraient néanmoins pas de miser sur un rendement constant. De nouveaux espaces s’ouvriraient à l’agriculture avec la remontée au nord de la ligne du pergélisol et de la limite entre taïga (forêt boréale) et toundra (steppe boréale). Aujourd’hui, 30 % des terres sibériennes sont considérées comme cultivables, en progression depuis 1990 où seules 22 % l’étaient. Selon une étude, entre 58 et 80 % des terres sibériennes seront cultivables en 2080. D’autres avancent le chiffre de 1 milliard de tonnes de céréales produites chaque année en Russie d’ici quelques décennies – l’ensemble de la production mondiale s’élevant aujourd’hui à 2,7 milliards de tonnes.