L’économie mondiale est en passe d’entrer dans une nouvelle ère. Ainsi, en septembre 2010, une étude du groupe d’assurance allemand Allianz dressait un constat étonnant : la classe moyenne mondiale (1) avait triplé en dix ans. Elle se chiffrait à 200 millions de personnes en 2000, contre 565 millions aujourd’hui. Et sur ce total, la moitié vit aujourd’hui dans des pays émergents : 130 millions en Chine, 40 millions au Brésil…
La tectonique économique
Cette étude apporte avec bien d’autres l’indice d’un changement de cap mondial. Après deux siècles d’hégémonie occidentale, assisterait-on au déclin de l’Occident ? C’est en tout cas ce que laisse entendre un rapport intitulé Le Basculement de la richesse. Dirigé par Johannes Jütting, économiste à l’OCDE, ce document prolonge l’analyse du précédent. Si la classe moyenne mondiale a considérablement augmenté ces dernières années au bénéfice de ce que l’on appelait autrefois le tiers-monde, ce n’est rien à côté de ce qui y est projeté : « En 2050, prédit J. Jütting, 50 % de la consommation globale du monde sera le fait des Chinois et des Indiens contre 10 % actuellement. » Pour l’immédiat, il constate que les décennies 1990-2010 ont été marquées par un fort accroissement et une meilleure répartition par pays de la production mondiale, et un recul du nombre des pays très pauvres. Ils étaient 55 en 1990, ils ne sont plus que 25.
L’économiste Danny Quah, de la LSE (London School of Economics), diagnostique pour sa part qu’une formidable mutation est en train d’opérer sous nos yeux. Le centre de gravité de l’économie mondiale (2), estime-t-il dans son étude, migre à grande vitesse : en 1980, on pouvait le localiser aux alentours des Açores. En 2050, il sera quelque part au nord de la Thaïlande, entre Inde et Chine. Ce cœur de l’économie mondiale aura donc été amené à parcourir 9 300 km en huit décennies (1970-2050).