Le cas Heidegger

En 1927, le philosophe allemand Martin Heidegger (1889-1976) fait paraître Être et temps (Sein und Zeit), dédié à son ancien professeur Edmund Husserl, le père de la phénoménologie.

Le livre se présente d'abord comme un texte inachevé, extraordinairement difficile, abstrait, obscur, écrit dans une langue artificielle, remplie de néologismes. Son thème : une méditation sur la destinée humaine, précisément sur la situation de l'homme face au temps. Le propre de l'être humain (que Heidegger définit comme « Dasein » : être-là) est d'être immergé dans la temporalité. Qu'est ce que cela veut dire ? Comme tous être vivant, il est un être en devenir ; mais il possède cette particularité d'en avoir conscience. Il peut donc se projeter dans l'avenir, former des projets, prendre en charge son destin. Mais il prend aussi conscience de la mort. L'être humain vit donc sa temporalité de façon particulière : sa conscience du devenir, qui est une « ouverture au monde », est aussi vécue comme une angoisse, « un souci », une « préoccupation » fondamentale.